Comment les licenciements d'Elon Musk mettent en danger les secrets du gouvernement américain

Des fonctionnaires en danger? Dans une enquête, le média américain The Verge révèle que les fonctionnaires licenciés depuis le début de l'année par l'administration Trump possèdent encore la plupart de leurs outils de travail: smartphones, ordinateurs portables ou encore passeports diplomatiques, sont encore à leur domicile, et n'ont toujours pas été récupérés par le gouvernement.
Problème: ils contiennent pour la plupart des données confidentielles, qui, selon les experts interrogés par le média, pourraient mettre en danger aussi bien les fonctionnaires concernés que le gouvernement américain s'il venaient à être dérobés ou perdus.
Une brèche qui vient par ailleurs contredire les directives fédérales, stipulant le retrait des objets professionnels pour éviter les fuites de données.
Une faille critique pour le gouvernement américain
Cette situation est la conséquence d'un vaste plan de réduction des fonds alloués aux agences gouvernementales, et mené tambour battant par Donald Trump et Elon Musk. L'USAID, qui est chargé de mettre en oeuvre une politique de développement à travers le monde, a vu 83% de ses programmes être supprimés. Un arrêt soudain qui met à mal la lutte contre des pandémies mondiales ou encore contre le virus du sida.
Selon les règles, le gouvernement doit envoyer un bordereau permettant de renvoyer les différents appareils professionnels. Mais certains fonctionnaires expliquent qu'ils attendent parfois depuis le mois de janvier 2025 de le recevoir. Ils peuvent d'ailleurs toujours jouir d'un passeport diplomatique, qui donne accès à certains privilèges comme une immunité, alors qu'ils sont censés être collectés puis détruits.
"Si je perds mon téléphone, c'est un problème. Si je perds mon passeport diplomatique, c'est un problème. Je suis prêt à les rendre," s'alarme un ancien employé de l'USAID à The Verge.
L'incompétence du Doge
En cas de vol d'un ordinateur de l'USAID, les pirates pourraient ainsi accéder à des informations personnelles, voire sensibles.
Une situation "sans précédent", selon Megan Stifel, directrice de la stratégie à l'Institute for Security. Car si le gouvernement doit faire en sorte de récupérer les appareils, l'ex-employé, lui, reste responsable de ceux-ci même après son licenciement tant qu'il les possède.
Pour ceux en congé administratif, et dans l'attente d'un éventuel licenciement, la situation est encore pire: certains d'entre eux ont ainsi toujours accès à une partie de l'intranet et des mails professionnels. The Verge met en cause l'incompétence des services du Doge, le département pour l'efficacité gouvernementale, piloté par Elon Musk, qui n'aurait aucune idée de l'étendue du problème.
Par ailleurs, il n'est pas non plus conseillé de continuer à utiliser ces appareils, puisqu'ils sont reliés à un réseau professionnel et sécurisé, permettant donc au gouvernement d'espionner les tâches en cours: "Je n'aurais pas de conversations sensibles autour de ces équipements, je les mettrais dans un micro-ondes, un four ou dans une cage de faraday," ironise Megan Stifel.