Ces chanteurs qui vendent plus d'albums morts que vivants

Michael Jackson a généré 2 milliards de dollars après sa mort, autant que de son vivant - Wikimedia commons cc Casta003
Chaque année, Forbes publie deux classements: celui des personnalités les plus riches du monde, mais aussi celui des célébrités décédées qui rapportent le plus.
Et ce sont en général des chanteurs qui sont en tête de cette liste macabre. Ainsi, depuis cinq ans, c'est Michael Jackson qui détient la palme, avec 75 millions de dollars de revenus en 2017. Elvis Presley atteint le 4ème rang, avec 35 millions de dollars, suivi de Bob Marley (23 millions), Tom Petty (20 millions), et Prince (18 millions). David Bowie se classe 11ème, avec 9,5 millions.
Au final, l'oeuvre de Michael Jackson a généré plus de 2 milliards de dollars après son décès, soit déjà autant que de son vivant. Une bonne partie réside dans le chèque de 750 millions de dollars reçu en 2016 pour le rachat de son catalogue par Sony/ATV. Largement de quoi éponger les dettes de 500 millions de dollars laissés à son décès par le king of the pop...
Business lucratif
Ce lucratif business a moult explications. D'abord, l'émotion: lors de la mort d'un artiste, l'écoute de ses chansons fait un bond. Par exemple, le jour de la mort de George Michael, ses chansons ont été écoutées 3200% de plus que d'habitude sur la plate-forme de streaming Spotify. Et pour Prince, les écoutes ont fait un bond de 5600%. Surfant sur cette émotion, les maisons de disques proposent ensuite de très nombreux objets commémoratifs, notamment des rééditions. Et bien sûr des albums posthumes, à l'image de celui de Johnny Hallyday qui sort ce vendredi, pour lequel 800.000 exemplaires ont déjà été mis en place.
A cela s'ajoutent les reprises par d'autres chanteurs, ou les biopics au cinéma. Et désormais les tournées avec des hologrammes de nos chers disparus.
Indémodables
Mais surtout, les chansons du défunt deviennent souvent des standards indémodables. Ainsi, sur Spotify, le chanteur disparu le plus écouté, Michael Jackson, réalise 15,6 millions d'écoutes mensuelles, selon une étude. C'est trois fois moins que le leader, Drake. Mais c'est plus que Miley Cyrus (14,2 millions) ou Lady Gaga (13,1 millions).
Nombreux sont donc les chanteurs -comme Jacques Brel- qui vendent plus après leur mort que de leur vivant. Bref, ce business posthume est devenu si important que le Billboard, le fameux classement des ventes de disques américains, a décidé en 2009 d'intégrer dans son hit parade les vieux albums.
Mieux vaut mourir jeune
Un peu cynique, le spécialiste de la musique Bertrand Dicale recommande de mourir jeune si l'on veut vendre beaucoup après sa mort: "cela crée un effet de légende. Les chanteurs morts ne se ringardisent pas, ils gardent l’âge qu’ils avaient à leur décès". Amy Winehouse, Michael Hutchence, Kurt Cobain, Janis Joplin, Jim Morrison ou Otis Redding entrent dans ce cas de figure.
Paradoxalement, le décès du chanteur ne rime donc pas avec catastrophe pour sa maison de disques. Bien sûr, il n'y aura plus de nouveaux morceaux, ni de nouveaux concerts, et les chansons finiront par tomber dans le domaine public, mais en attendant il reste des revenus réguliers qui tombent quasiment tous seul sans aucune dépense...
Rappelons que pour Johnny, les vieilles chansons (back catalogue) se vendaient déjà très bien de son vivant. Par exemple, en 2013, elles avaient rapporté à Universal Music 11 millions d'euros, somme sur laquelle Johnny avait touché une quote-part de 7%.