"Je suis sa voisine et je veux le même service": Amazon accusé de livrer moins rapidement les habitants de deux quartiers défavorisés

Des livraisons un peu trop lentes. Selon les informations d'ABC News, le district de Columbia (Caroline du Sud) a décidé de porter plainte ce mercredi 4 décembre contre Amazon. Selon la plainte, le géant du e-commerce aurait cessé de fournir son service de livraison rapide aux résidents de deux quartiers à prédominance noire, tout en continuant à leur facturer des centaines de dollars.
Au coeur de la discorde, le programme d'adhésion Prime. Grâce au service, il est possible de bénéficier de la livraison en un jour gratuite, voire le jour même, moyennant 139 dollars par an ou 14.99 dollars par mois. Or, selon la plainte, Amazon aurait exclu dès 2022 deux quartiers assez pauvres de son service. Et cela, sans même les avertir.
Un comportement "trompeur"
Résultat, plus de 48.000 résidents seraient obligés d'attendre plus longtemps pour obtenir leurs produits alors qu'ils continuent à payer leur abonnement. Avant 2022, près des trois quarts des résidents étaient livrés en moins de deux jours. L'an dernier, seul un quart des paquets sont arrivés dans ce délai.
Selon le procureur général, Brian Scwalb, Amazon aurait donc trompé les consommateurs qui payent pour un service auquel ils n'ont pas accès. Un comportement qualifié de "trompeur" par le procureur général.
"La tromperie d'Amazon a poussé les membres Prime de ces quartiers à payer pour des livraisons plus rapides qu'ils ne reçoivent pas", indique la plainte. "Amazon a tout à fait le droit d’apporter des changements opérationnels, mais il ne peut pas décider secrètement qu’un dollar dans un code postal vaut moins qu’un dollar dans un autre."
La plainte demande l'annulation de "l'exclusion" de ces résidents, ainsi que le versement de dommages-intérêts pour les consommateurs des quartiers concernés.
Assurer la sécurité des livreurs
"Lorsque vous refusez de livrer dans un quartier comme le nôtre, une communauté majoritairement noire où les gens ont des problèmes économiques, cela envoie un mauvais message comme quoi c'est un endroit où même Amazon refuse de livrer", peste une résidente dans les colonnes du Washington Post. "Je suis sa voisine [de Jeff Bezos, ndlr] et je veux le même service", ajoute-t-elle, en rappelant que le fondateur d'Amazon habite également à Washington.
De son côté, Amazon précise avoir cessé de livrer les clients de ces quartiers en raison de préoccupations concernant la sécurité des chauffeurs. "Il y a eu des actes spécifiques et ciblés contre les chauffeurs livrant des colis Amazon dans ces quartiers. Amazon a fait ce changement pour "mettre en sécurité nos livreurs", assure Kelly Nantel, porte-parole d’Amazon.
"Les affirmations du procureur général, selon lesquelles nos pratiques commerciales sont en quelque sorte discriminatoires ou trompeuses, sont catégoriquement fausses", insiste-t-il.
Ce n'est pas pourtant pas la première fois qu'Amazon est accusé de faire de la discrimination dans ses livraisons. En 2018, le service de livraison Amazon restaurants, supprimé en 2019, excluait ces mêmes quartiers de Washington cités dans la plainte.
Deux ans auparavant, une enquête de Bloomberg a révélé que les quartiers à faibles revenus de villes comme Boston connaissaient systématiquement des délais de livraison plus longs pour les colis Amazon. A l'époque, l'entreprise avait assuré que ces différences dans les délais de livraison n'avaient "aucun rapport avec l'origine des clients".