Tech&Co
Réseaux sociaux

Un syndicat de médecins utilise du deepfake pour contrer les "conseils" santé des influenceurs en ligne

placeholder video
Le syndicat de jeunes médecins généralistes ReAGJIR a lancé son compte Tiktok pour sensibiliser les plus jeunes aux faux conseils médicaux qui se multiplient sur les plateformes.

Une riposte originale. Sur les réseaux sociaux, les faux conseils médicaux pullulent. Au programme, de l'ail dans le nez pour décongestionner ses bronches, imbiber des tampons avec du yaourt pour mettre fin à une infection vaginale ou encore des opérations esthétiques illégales pour améliorer son apparence.

Difficile pour les utilisateurs de faire le tri entre les professionnels du secteur, et les créateurs de contenu sans aucune compétence médicale, mais particulièrement visibles sur les plateformes.

Face à ce phénomène, un syndicat de jeunes médecins généralistes et remplaçants ReAGJIR a donc lancé sa propre chaîne Tiktok "Healthbuster5" pour alerter le grand public et dénoncer les mauvaises pratiques.

Sensibiliser un public plus jeune

Avec l'aide de l'IA et des deepfakes, ces images et vidéos ultra réalistes générées par l'intelligence artificielle, ces médecins ont recréé des vidéos pour montrer les "conséquences négatives des pratiques promues". L'objectif? Sensibiliser un public plus jeune, qui se rendent moins souvent dans les cabinets.

Le concept est toujours le même. Les médecins diffusent un extrait d'une vidéo d'un faux praticien. Puis, à l'aide de l'IA, ils clonent le visage du charlatan pour lui faire rétablir la vérité et montrer, cette fois-ci, les conséquences négatives associées à ces pratiques. A la fin, le vrai médecin apparaît pour diffuser un message de prévention.

Par exemple, une des publications du profil reprend la vidéo d'un faux médecin conseillant à sa communauté d'utiliser de l'eau oxygénée pour blanchir ses dents. Puis, grâce à l'IA, son double numérique apparaît. Le syndicat lui fait alors lister les risques associés à la pratique.

"J'ai oublié de vous dire: ce traitement est inefficace et comporte des risques pour votre santé", lance-t-il. "Si j'avais eu une formation santé, j'aurais pu vous lister les effets cancérigènes que ça peut avoir sur les muqueuses et que l'eau oxygénée peut endommager l'émail."

"J'aurais pu aussi vous parler du caractère toxique du produit en cas d'ingestion. Et si je vous parle de ça aujourd'hui, c'est parce que je ne suis pas Zoumstach, mais le Docteur Dachicourt." Soudain, le vrai médecin arrive à l'écran.

"Si j'ai utilisé la technologie du deepfake, c'est pour que vous entendiez de la bouche de celui qui vous a donné ces conseils, à tel point ils peuvent être dangereux", précise le Docteur, avant de renvoyer les internautes vers des professionnels.

En moyenne, les publications ne dépassent pas les 300 vues. Si les publications du compte HealthBuster ne cumulent pas encore beaucoup de vues, le syndicat espère gagner en visibilité au fil du temps.

En janvier dernier, Youtube a lancé, en collaboration avec l'Ordre des médecins, une charte de bonnes pratiques destinée aux professionnels prenant la parole en ligne. Elle énonce 10 principes pour promouvoir "le déploiement d’une information de santé fiable", dans le respect des obligations qui s’imposent déjà aux médecins.

En la signant, les praticiens s'engagent à produire du contenu pédagogique et à ne faire la promotion "d'aucune pratique ou thérapeutique non validée scientifiquement".

Salomé Ferraris