Threads, le réseau social de Meta, est-il une alternative crédible à Twitter?

Threads se lance officiellement en Union européenne dès ce jeudi 14 décembre, à 12h. Le réseau social, créé par le groupe Meta, qui détient aussi Instagram, Facebook et Whatsapp, l'a présenté comme un concurrent de Twitter à une période où ce dernier, en pleine tourmente, se faisait racheter par Elon Musk.
La concurrence est complètement assumée par Meta, qui a donné à sa plateforme une apparence très similaire à ce que l'on trouve sur Twitter. Mais Threads deviendra-t-il pour autant le concurrent de poids que Meta veut lui prêter?
Threads dépend de Meta, qui gère déjà Facebook, Instagram et Whatsapp. Si ses réseaux se sont très rapidement fait rattraper par Tiktok, toujours est-il que Meta détient une force de frappe non négligeable sur le marché des réseaux sociaux. Lors du lancement de Threads aux Etats-Unis, ce ne sont pas moins de 100 millions d'utilisateurs qui se sont inscrits dessus en moins d'une semaine, un record dans le secteur.
L'effet d'annonce
Mais dans le même temps, ces utilisateurs sont nombreux à avoir été happés par l'effet d'annonce, pour ensuite quitter la plateforme assez rapidement. Il faut dire que Threads n'a pas été lancé à un moment hasardeux. C'était en juillet dernier, lorsque Twitter, qui n'avait pas encore changé de nom, commençait à prendre des mesures peu populaires auprès de ses utilisateurs. Les internautes sont donc nombreux à avoir vu en Threads une alternative à ce que Twitter est aujourd'hui devenu.
Aujourd'hui, quelques mois après le lancement de Threads aux Etats-Unis, Twitter est toujours au même point, voire pire. Le réseau social s'est rebaptisé X, a perdu en masse utilisateurs et annonceurs, et l'algorithme ne séduit plus autant qu'avant, mettant trop en lumière les abonnés payants et la désinformation. Le moment reste donc opportun pour Meta, qui peut largement jouer sur les faiblesses de son concurrent.
Toutefois, aujourd'hui, avec ses 350 millions d'utilisateurs, la plateforme d'Elon Musk reste le théâtre des plus grosses annonces pour les entreprises, même si un grand nombre rechigne aujourd'hui à y proposer de la publicité.
Twitter, la place publique
On peut par exemple mentionner l'annonce de la publication de la bande-annonce du jeu vidéo Grand Theft Auto 6, le 5 décembre. Le tweet de Rockstar Games, éditeur du jeu, a été vu par 24,5 millions de personnes, compte plus d'un demi-million de mentions "J'aime" et près de 70.000 republications.
Sur Threads, la même publication a récolté un peu moins de 80.000 mentions "J'aime".

Certes, la récente arrivée du réseau social explique ces chiffres. Mais il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, les grosses annonces se font sur Twitter, elles y sont attendues, et faire bouger les choses sera un travail de longue haleine pour Meta.
L'avantage de la régulation
Enfin, le lancement de Threads en Europe a été ralenti pour que le réseau social soit conforme au DMA. Lorsqu'il est a été rendu disponible aux Etats-Unis, il était obligatoire de posséder un compte Instagram pour pouvoir s'y inscrire: une pratique qui est proscrite par le nouveau règlement sur les services numériques. Ce n'est désormais plus le cas depuis le 27 septembre dernier, l'une des raisons qui a permis à Threads de se rendre disponible en UE.
En montrant patte blanche auprès du règlement européen, Meta prend le pas sur Twitter. Ce dernier est sous le coup d'une enquête de la Commission européenne, depuis le 12 octobre, pour la diffusion présumée de "fausses informations", "contenus violents et à caractère terroriste" ou "discours de haine", notamment dans le cadre des attaques du Hamas contre Israël.
On peut aisément affirmer que Threads détient le potentiel pour détrôner X, mais il est évident qu'il s'agit d'un pari sur plusieurs années pour le groupe. Mais si Meta parvient à convaincre ses milliards d'utilisateurs à tenter leur chance, et que Twitter continue à décevoir les siens, le pari pourrait bien être gagné.