"Je ne lui ai pas répondu": Pavel Durov a snobé Emmanuel Macron après ses accusations contre la France

Le fondateur de Telegram a apporté plus de détails sur ses accusations d'ingérence de la part de la DGSE sur l'élection présidentielle en Roumanie.

Silencieux depuis qu'il a accusé les services secrets français d'ingérence lors de l'élection présidentielle en Roumanie, Pavel Durov reprend la parole pour s'expliquer dans une interview au Point.

Le fondateur et patron de Telegram, messagerie chiffrée, est toujours sous le coup de multiples chefs d'accusation, notamment en raison d'un manque de collaboration avec les autorités européennes en matière de modération. Obligé de rester en France sur décision de justice, il annonce avoir un nouveau rendez-vous judiciaire au mois de juillet.

Pavel Durov persiste et signe sur ses accusations d'ingérence

Depuis sa mise en examen, Pavel Durov s'en est néanmoins plusieurs fois pris à la France, et sa dernière accusation concerne la DGSE, les services secrets français. Il explique avoir été contacté par son patron, Nicolas Lerner, et un autre agent, afin qu'il ferme des chaînes Telegram animées par des partisans du candidat d'extrême droite roumain lors des récentes élections dans le pays. Le tout, dans un contexte d'ingérence bien réelle, mais de la part de la Russie, ce qui avait mené à l'annulation de la première présidentielle dans le pays.

Une intervention française vivement démentie par le ministre des Affaires étrangères et par la DGSE, mais que Pavel Durov confirme à nouveau: "C'était lors d'une conversation privée au Crillon, dans le salon des Batailles, que j'ai eue avec Nicolas Lener et un agent de la DGSE (...) Nicolas m'a dit: 'on pourrait avoir un problème en Roumanie', et m'a demandé si je pouvais supprimer des chaînes Telegram animées par des partisans d'un candidat conservateur à l'élection présidentielle roumaine."

Il explique alors avoir donné une réponse "claire": "Je n'ai pas réduit au silence les manifestants en Biélorussie, en Russie, en Iran ou à Hongkong, et je ne vais pas commencer à le faire en Roumanie."

"Je préfère mourir plutôt que d'agir contre mes valeurs et de trahir mes utilisateurs," assure l'entrepreneur controversé.

"La France devient toujours plus faible"

Questionné sur sa relation avec le président Emmanuel Macron, Pavel Durov explique qu'il a échangé "pendant longtemps" sur Telegram avec lui: "La dernière fois, c'était le jour de ma sortie sur les élections roumaines et la DGSE. Il m'a envoyé un message. Je ne lui ai pas répondu."

D'une relation semble-t-il amicale, on est passé à quelque chose de plus glacial. Pavel Durov expliquant qu'il "refuserait" toute rencontre avec le chef l'Etat.

Pour le fondateur de Telegram, Emmanuel Macron ne "fait pas les bons choix": "Je suis très déçu. La France devient toujours plus faible. Il y a une obsession pour la communication, alors que la vraie force ne se montre pas, elle se prouve."

Pavel Durov en profite également pour répondre à ceux l'accusant d'être un proche de Vladimir Poutine: "Je n'ai rencontré un haut responsable russe qu'une seule fois, en 2013." Il était à l'époque à la tête de VKontakte, le Facebook local désormais largement détenu par des proches du régime. "Je n'ai pas remis les pieds à Moscou depuis plus de dix ans."

Il ajoute ne pas s'être rendu en Russie depuis 2021, alors qu'il rendait visite à son père à Saint-Pétersbourg. Dans l'attente d'un éventuel procès, Pavel Durov demande la levée de son interdiction de sortie du territoire.

Sylvain Trinel