Tech&Co
Réseaux sociaux

IVG: comment la désinformation en ligne s'est déplacée sur les réseaux sociaux

placeholder video
49 ans après le vote de la loi dépénalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG), les groupuscules contre l'avortement sont très actifs sur les réseaux sociaux.

Un rapport demandé par la Fondation des femmes montre que les mouvements antiavortement, qui se décrivent comme "pro-vie", se sont déplacés, passant de sites internets tentant d'apparaître en premier dans les résultats de recherche, aux réseaux sociaux.

Leur but, selon cette étude menée par l'Institude for Strategic Dialogue, tromper les femmes intéressées par des informations au sujet de l'IVG, en diffusant des informations erronées sur Facebook, Instagram, X et Youtube.

Les anti-IVG inondent les réseaux sociaux

Sous la forme de groupes ne précisant pas leur affiliation, ou de contenus choquants, ces groupuscules enchaînent "affirmations trompeuses sur la souffrance présumée du fœtus avorté, sur les effets secondaires de l'IVG, et des descriptions erronées de la procédure d'IVG," explique l'ISD.

La Fondation des femmes explique qu'un changement s'est opéré après l'adoption du délit d'entrave à l'IVG en ligne, en 2017, qui a vu la visibilité des sites se faisant passer pour de fausses pages d'informations neutres se réduire considérablement. Surtout, les réseaux sociaux sont aujourd'hui les premiers points d'entrée d'un public généralement jeune: "les réseaux sociaux correspondent à la consommation d'internet des plus jeunes, qui y font bien souvent leurs recherches avant Google," révèle Anne-Cécile Mailfert, présidente de l'association, auprès du Monde.

L'absence de règles communes

Depuis plusieurs années, les associations pro-avortement dénoncent le silence des réseaux sociaux, qui n'hésitent pas à diffuser des publicités ouvertement anti-IVG. La faute, selon le rapport, à l'absence de normes communes entre les plateformes. L'ISD explique que seul Youtube a des règles strictes en la matière, même si les moyens mis pour endiguer la désinformation sur l'avortement sont jugés insuffisants.

Sur Instagram, dont Meta est propriétaire et a déjà été pointé du doigt pour son laxisme sur la question, on peut ainsi rapidement se retrouver face à des informations au mieux erronées, au pire volontairement trompeuses sur l'IVG: "Un cinquième des 'Reels' les plus recommandés à propos de l'avortement contenait des informations trompeuses sur la procédure," déplore l'étude.

Les "Tradwifes" très présentes

Autre élément à retenir de cette étude, qui paraît le jour des 49 ans de l'adoption par Simone Veil d'une loi dépénalisant l'avortement en France, c'est la présence de plus en plus importante des "Tradwifes", autrement dit des femmes ayant un rôle plus "traditionnel", par exemple en élevant de nombreux enfants et en restant à la maison, sur les réseaux sociaux.

L'enquête montre ainsi que cette mouvance est issue des milieux de l'extrême droite et intégristes, mais aussi d'influenceurs conservateurs proches de mouvements anti-avortement. On y trouve par exemple des soutiens d'Eric Zemmour, fondateur du parti d'extrême droite Reconquête!, qui utilisent donc les plateformes sociales comme X pour partager des publications, en utilisant l'amplification algorithmique pour bouleverser le discours en ligne.

Alors que le gouvernement doit présenter la constitutionnalisation de l'interruption volontaire de grossesse à la fin du mois de janvier, le débat fait déjà rage sur les réseaux sociaux.

Sylvain Trinel