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X accusé d'ingérence: la justice française confirme vouloir analyser son algorithme

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Auprès de BFMTV, le parquet de Paris confirme sa réquisition judiciaire portant sur les algorithmes de X, sans succès. Le réseau social d'Elon Musk dénonce une enquête "politique".

Le parquet de Paris aura probablement bien des difficultés à prouver une ingérence politique de la part de X, le réseau social d'Elon Musk. Après l'ouverture d'une enquête pénale et une réponse cinglante de la plateforme ce 21 juillet, accusant la justice française d'avoir un "agenda politique", le parquet de Paris réplique à son tour.

Auprès de BFMTV, l'autorité judiciaire confirme avoir adressé une réquisition à X pour auditer son algorithme, sans réponse de la part de l'entreprise. Elle nie en revanche toute requête liée aux données personnelles des utilisateurs.

Le 11 juillet dernier, le parquet de Paris avait publié un communiqué de presse indiquant l'ouverture d'une enquête visant le réseau social X, confiée à la gendarmerie nationale. Sont visées la personne morale que constitue l'entreprise X, mais également des "personnes physiques". Si le nom d'Elon Musk n'est pas cité, il semble directement visé.

Soupçons de manipulation d'algorithme

L'enquête fait suite à des soupçons de manipulation de l'algorithme par X, notamment à des fins d'ingérence. Le réseau social est ainsi accusé, sous l'impulsion des idées d'Elon Musk, de mettre en avant les contenus d'extrême-droite, en toute opacité. Cela avec la perspective des élections municipales de 2026, mais surtout l'élection présidentielle de 2027.

"Les investigations portent, notamment, sur les infractions d’altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée et d’extraction frauduleuse de données d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée, délits faisant encourir 10 ans d’emprisonnement" précise le parquet de Paris à BFMTV, ce 21 juillet.

Plus tôt dans la journée, X a publié un communiqué évoquant une enquête "motivée par des considérations politiques" menaçant par ailleurs "la liberté d'expression".

"Les autorités françaises ont requis l’accès à l’algorithme de recommandation de X et aux données en temps réel concernant toutes les publications des utilisateurs de la plateforme" a notamment accusé X.

"Par courrier du 19 juillet 2025, le parquet de Paris a officiellement requis de la société X la communication de son algorithme (et non l’accès à des données privées) afin de pouvoir faire procéder par la gendarmerie à la vérification technique des éléments mis en lumière par les premières recherches et expertises" précise de son côté le parquet, toujours auprès de Tech&Co, ajoutant pour l'heure ne pas avoir reçu de "réponse officielle".

Une réponse qui pourrait toutefois ne jamais venir. Comme le rappelle Alexandre Archambault, avocat spécialisé en droit du numérique, auprès de Tech&Co, X "n'a aucune obligation légale de répondre favorablement à cette réquisition judiciaire, l'entreprise n'étant pas basée en France mais en Irlande". Le spécialiste cite notamment un arrêt de la cour de Cassation allant en ce sens, datant de 2013.

Des mesures contraignantes pourraient en revanche être décidées par la Commission européenne, qui a ouvert une enquête contre la plateforme en 2023, notamment pour désinformation. Une enquête qui n'a pour le moment pas entraîné de sanction.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co