Comment protéger les photos de vos enfants sur les réseaux sociaux

Il n’y a pas que les influenceurs qui exposent leurs enfants sur les réseaux sociaux. Pour garantir le respect du droit à l’image des mineurs, une proposition de loi est portée par Bruno Studer, le député Renaissance du Bas-Rhin. L’objectif est de sensibiliser les parents à la protection de la vie privée des enfants.
Qu’il s’agisse de récolter davantage de popularité sur un réseau social ou simplement de tenir informé sa famille, l’envoi de photographies d’un enfant comporte des risques. Afin d’éviter que ces images n’alimentent des réseaux pédopornographiques ou ne ternissent la réputation de la personne à l’avenir, il est utile de se poser quelques questions au moment de publier les clichés.
Est-ce que mon enfant pourrait me reprocher cette photo?
Toute personne dispose d’un droit à l’image. Afin de diffuser une photo d’une personne sur internet, il faut donc son consentement. Pour un enfant, ce sont ses parents qui doivent fournir cette autorisation. Mais quand ils sont eux-mêmes à l’origine des publications, il est important de garder en tête l’intérêt de sa progéniture.
Une fois majeur, un enfant peut se retourner contre ses parents pour avoir diffusé ou publié des images sans son consentement. De nombreux cas ont déjà été recensés à travers le monde. En 2016, une Autrichienne de 18 ans a attaqué ses parents pour avoir partagé de nombreuses photos d’elle sur Facebook.
En France, un tel cas constituerait un non-respect de la vie privée. Les parents risqueraient ainsi un an d’emprisonnement et jusqu’à 45.000 euros d’amende. Depuis le 19 octobre 2020, la loi française encadre également l’activité des enfants de moins de 16 ans dans le cadre de diffusions d'images sur des plateformes en ligne.
La personne est-elle mise en valeur par cette image?
Lors de la publication ou du partage d’un cliché, les parents doivent avoir en tête l’impact qu’il peut avoir dans le futur. Alors que le cyberharcèlement ne cesse d’augmenter, les images d’une personne prise dans son passé peuvent être la source de moqueries. Les situations embarrassantes sont donc à éviter.
Même sans aller jusqu'aux railleries, chaque publication sur internet alimente la e-réputation d’une personne. Toutes les images mises en ligne par les parents créeront un passif numérique que leurs enfants devront assumer à l’avenir.
Le cliché risque-t-il d’être détourné?
L’un des plus grands risques pour une image d’enfant est de terminer sur un site pédopornographique. Selon le député Bruno Studer: "50% des photographies qui s'échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux".
Là encore, il s’agit de prendre du recul sur la nature du cliché pris avant de le publier. Un corps dénudé, en maillot de bain ou en juste-au-corps attirera les personnes malveillantes. Les activités sportives ou les représentations artistiques sont également susceptibles d’être détournées par les pédocriminels.
Afin d’éviter qu’une image ne tombe entre de mauvaises mains, il est recommandé de limiter la portée d’une publication. Selon les plateformes, il est possible de donner accès à une publication uniquement à ses amis proches ou à ses abonnés, la rendant inaccessible au plus grand nombre.
Lors du Forum de Paris sur la Paix en novembre, Emmanuel Macron a réuni les acteurs du numérique pour lancer un laboratoire de la protection de l’enfance en ligne. Rassemblant plateformes, pays et ONG, il vise notamment à lutter contre le partage d’images intimes non consenties ou le harcèlement des mineurs.