"Comme le tabac et la malbouffe": le Nobel d'Économie tire à boulets rouges sur les géants de la tech

L'intelligence artificielle restera au cœur de cette édition 2024 des Nobel. En physique et en chimie, les lauréats ont été récompensés pour leur travail autour de l'IA… Et certains se sont faits remarquer pour leurs critiques acerbes sur ce qu'est en train de devenir cette technologie.
Simon Johnson a été récompensé avec l'Américano-Turc Daron Acemoglu et le Britanno-Américain James A. Robinson du prix Nobel d'Economie. Et lui aussi se montre féroce sur l'explosion de l'intelligence artificielle.
"Augmentera-t-elle la productivité et les salaires des travailleurs peu qualifiés, ou produira-t-elle de l'automatisation excessive, consistant à licencier les travailleurs dans les magasins pour les remplacer par des bornes automatiques?" questionne-t-il dans une interview donnée à l'AFP.
Et ce sont les géants de la tech qui en prennent pour leur grade. "Ces gens sont regardés comme des héros aujourd'hui. Mais je pense qu'il faut se demander si l'on doit confier autant de pouvoir à un petit nombre de personnes" cingle-t-il.
"Ne laissez pas les grands gourous..."
"La vision qui façonne la technologie est absolument décisive. Nous avons parlé aux plus hauts niveaux du gouvernement américain, en disant: 'Ne laissez pas les grands gourous de la technologie dominer ce qui est développé, comment c'est utilisé et quel impact cela a sur les emplois'. Car ce que vous obtiendrez, c'est leur vision de l'avenir, pas pour votre population, pas pour votre communauté, mais pour leur propre richesse" tranche-t-il.
Au-delà de l'intelligence artificielle, c'est aussi la publicité numérique – le cœur des revenus des géants de la tech qui est critiquée.
"Le modèle économique de Meta (Facebook, Instagram…), d'Alphabet (Google, Youtube…) et de quelques autres entreprises repose sur la publicité numérique, qui attire votre attention, manipule vos émotions" détaille Simon Johnson.
"C'est mauvais pour la santé mentale, c'est très mauvais pour les enfants, et c'est terrible pour la démocratie, parce que ce qu'ils veulent, c'est vous énerver, vous mettre en colère contre d'autres. Nous devrions nous rendre compte que la publicité numérique, c'est comme le tabac et la malbouffe."
Selon la publicité numérique devrait être mais "lourdement taxée" et que la somme récoltée soit en partie consacrée à "la santé mentale, dont la santé mentale des enfants".