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Le Prix Nobel d'Économie 2024 décerné à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson

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Les trois chercheurs sont récompensés "pour leurs études sur la manière dont les institutions se forment et affectent la prospérité".

Le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques, communément qualifié de "Nobel" de l'économie, a été attribué lundi à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson "pour leurs études sur la manière dont les institutions se forment et affectent la prospérité".

"Réduire les énormes différences de revenus entre les pays est l'un des plus grands défis de notre époque. Les lauréats ont montré l'importance des institutions pour y parvenir", a déclaré Jakob Svensson, président du comité du prix en sciences économiques, cité dans un communiqué.

"Les lauréats de cette année ont été les pionniers de nouvelles approches, à la fois empiriques et théoriques, qui ont fait progresser de manière significative notre compréhension des inégalités mondiales", a précisé Jakob Svensson devant la presse.

Daron Acemoglu, 57 ans, est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), tout comme Simon Johnson, 61 ans. James Robinson, 64 ans, est professeur à l'université de Chicago.

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On n'a pas osé vous en parler : Prix Nobel, portrait-robot des lauréats - 14/10
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Lien entre l'État de droit et la croissance

En examinant les différents systèmes politiques et économiques introduits par les colonisateurs européens, les trois économistes ont pu mettre en évidence un lien entre les institutions et la prospérité, indique le comité dans son communiqué.

"Les sociétés où l'État de droit est médiocre et où les institutions exploitent la population ne génèrent pas de croissance ni de changements positifs", a insisté le jury.

Les régimes autoritaires "auront plus de mal à obtenir des résultats durables à long terme en matière d'innovation", a souligné le lauréat Daron Acemoglu, lors d'un échange avec la presse à Stockholm, encore sous le "choc" de cette récompense qu'il a qualifié de "nouvelle incroyable". Son nom revenait fréquemment dans les prévisions des experts.

Daron Acemoglu, 57 ans, est spécialiste d'économie politique, de la croissance et du rôle des institutions dans les politiques de développement, notamment sur l'innovation et l'inégalités.

Titulaire d'un doctorat d'économie de la London School of Economics (LSE) obtenu en 1992, il enseigne depuis 1993 au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Boston, dans l'est des Etats-Unis, où travaille également Simon Johnson, 61 ans.

Le troisième lauréat James A. Robinson, 64 ans, est professeur à l'université de Chicago. En 2012, il a co-écrit avec Daron Acemoglu l'ouvrage Prospérité, puissance et pauvreté: pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres. Ils y insistent sur la nécessité de cadres politiques et économiques qui soient inclusifs et sur le rôle, selon eux essentiel, des institutions économiques pour assurer une croissance de long terme.

Plus récemment, Daron Acemoglu s'est intéressé à l'impact économique de l'automatisation et de l'intelligence artificielle (IA), également au coeur cette année des travaux des lauréats des Nobel de physique et de chimie.

Un "faux" prix Nobel

Décernés depuis 1901, les prix Nobel distinguent les personnes qui ont oeuvré pour "le bienfait de l'humanité", conformément au voeu de leur créateur, l'inventeur suédois Alfred Nobel.

Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d'Alfred Nobel, le prix d'Économie a été créé par la Banque centrale suédoise "à la mémoire" de l'inventeur. Il s'est ajouté en 1969 aux cinq traditionnelles récompenses (médecine, physique, chimie, littérature et paix), lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de "faux Nobel".

L'an dernier, le Nobel d'économie avait primé l'Américaine Claudia Goldin pour ses travaux sur l'évolution de la place des femmes sur le marché de l'emploi et de leurs revenus.

Récompensée pour avoir "fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail", elle est l'une des très rares femmes - trois sur 93 lauréats en 55 ans - à avoir été distinguée dans cette catégorie, après sa compatriote Elinor Ostrom (2009) et la Franco-Américaine Esther Duflo (2019).

Ce prix est le dernier de la levée 2024 des Nobel qui ont récompensé l'organisation japonaise anti-armes nucléaires Nihon Hidankyo pour la Paix, la romancière sud-coréenne Han Kang pour la Littérature, les Américains David Baker et John Jumper ainsi que le Britannique Demis Hassabis en Chimie. Les chercheurs américain John Hopfield et canado-britannique Geoffrey Hinton ont été distingués en Physique et les Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun en Médecine.

Les lauréats reçoivent un chèque de 11 millions de couronnes (920.000 euros), à partager en cas de multiples gagnants.

CL avec AFP