Tech&Co
Actualités

États-Unis: la police de l'immigration a acheté des véhicules capables de localiser et espionner les smartphones en temps réel

Un agent de la police de l'immigration, ICE, aux Etats-Unis.

Un agent de la police de l'immigration, ICE, aux Etats-Unis. - Photo par OCTAVIO JONES / AFP

L'ICE a signé un contrat avec une entreprise américaine pour acquérir des véhicules équipés de "simulateurs de sites cellulaires". Ces dispositifs imitent les antennes-relais de téléphonie mobile et permettent à l'agence d'espionner les smartphones en temps réel.

La police de l'immigration continue de faire parler d'elle aux États-Unis. L'agence controversée ICE (Immigration and Customs Enforcement) utilise des véhicules équipés de technologies destinées à espionner les smartphones à proximité. C'est ce que révèlent des archives publiques relayées par le site spécialisé Techcrunch.

Ces voitures, utilisées par la police de l'immigration, sont dotées de fausses antennes-relais de téléphonie mobiles appelées "simulateurs de sites cellulaires". Comme leur nom l'indique, ces outils peuvent imiter une antennne, amenant les téléphones se trouvant à proximité à s'y connecter. L'ICE peut ainsi mieux les localiser, mais aussi identifier leurs propriétaires.

Utilisation controversée

Si les autorités peuvent obtenir des données auprès des antennes-relais pour localiser un suspectif, ces informations ne sont généralement pas très précises. C'est là que les simulateurs sont bien utiles, d'autant plus que certains sont même capables d'intercepter les appels, les messages et le trafic internet.

Utilisés par les forces de l'ordre depuis plus de dix ans, ils font l'objet de controverses. Non seulement, les autorités n'obtiennent pas toujours un mandat pour s'en servir, mais elles refusent également de révéler leur fonctionnement et utilisation parce qu'elles sont soumises à des accords de confidentialité. Des détracteurs reprochent aussi à ces dispositifs d'envahir la vie privée des individus qui n'ont été accusés d'aucun crime.

L'ICE a, elle, obtenu les voitures équipées de ces simulateurs grâce à un contrat de 825.000 dollars signé avec TechOps Speciality Vehicles, entreprise qui vend des véhicules personnalisables (fourgons pour les équipes SWAT, de déminage...) aux forces de l'ordre.

"Nous ne produisons pas de composants électriques, de communication et technologiques, nous intégrons ce produit dans la conception globale du véhicule", a précisé le président de l'entreprise, Jon Brianas, à Techcrunch, au sujet du contrat conclu avec la police de l'immigration.

Ce n'est pas la première fois que l'utilisation de ces fausses antennes-relais par l'ICE est pointée du doigt. En septembre, le magazine Forbes a révélé que l'agence en avait utilisé une pour retrouver une personne soupçonnée d'appartenir à un gang criminel et qui avait reçu l'ordre de quitter le pays en 2023.

Elle se sert de ces dispositifs depuis des années, mais d'autres de ces pratiques sont critiquées. Parmi elles, l'utilisation des données de géolocalisation de centaines de millions de smartphones pour traquer et chasser les migrants illégaux.

Kesso Diallo