États-Unis: le nombre de smartphones espionnés par le gouvernement est bien plus élevé que prévu

Des personnes utilisant un smartphone - AFP
La surveillance des smartphones des Américains n'est plus un secret depuis quelques années. En 2020, un article du Wall Street Journal révélait que plusieurs institutions gouvernementales sous l'administration Trump avaient acheté l'accès à des millions de données de localisation de smartphones de citoyens américains, pour pister les personnes sans-papiers et les personnes suspectées de fraude fiscale.
Si les faits avaient été confirmés, un nouveau chiffre vient de les mettre en perspective. Des documents obtenus et publiés le 18 juillet par l'Union américaine des libertés civiles (ACLU) révèlent que ces surveillances ont été effectuées à "une échelle bien supérieure à celle estimée jusqu'ici", indique le média spécialisé TechCrunch.
336.000 points de localisation
Deux instutions en particulier sont concernées: le Service de l'immigration et des douanes, et le Service des douanes et protection des frontières américaines, qui font tous les deux partie du Département de la sécurité intérieure des États-Unis.
Les 6000 fichiers obtenus par l'ACLU contiennent plus de 336.000 points de localisation, obtenus via les téléphones de résidents des États-Unis. Le service des douanes et protection des frontières a même identifié, en 2018, en seulement trois jours, 113.654 points de localisation situés dans le sud-ouest du pays, ce qui représente plus de 26 localisations par minute.
L'entreprise qui fournit ces données au gouvernement américain s'appelle Venntel. Il s'agit d'un "data broker", un courtier en données qui collecte et revend ces données récupérées sur les applications mobiles, qu'il s'agisse de jeux vidéo, d'outil météo ou de commerces en ligne.
Selon TechCrunch, en acquérant ces données auprès de courtiers, les autorités passent outre la réglementation inhérente à ces pratiques. L'Aclu précise que ces agissements "vont à l'encontre du quatrième amendement", s'agissant de "recherches et saisies gouvernementales déraisonnables par achat et utilisation d'immenses volumes de données extraits silencieusement du téléphone des individus".
Un "consentement" flou
Dans les documents, le gouvernement justifie ces actions en indiquant que toutes les données sont anonymisées.
"Les données de localisation sont identifiées comme ne contenant aucun information personnelle d'identification, car elles sont associés à un numéro d'identification de smartphone plutôt qu'un prénom - en dépit du fait que l'objectif final de ce dispositif est d'identifier et de traquer des gens", ironise l'Aclu dans son communiqué.
De même que toutes ces données sont collectées "avec le consentement" des utilisateurs, qui partagent "volontairement" ces élements.
Pourtant, si la plupart des entreprises indiquent effectivement collecter des données personnelles, telles que les données de localisation, les conditions sont très souvent peu accessibles et laborieuses à interprêter pour la majorité des utilisateurs. Dans la majorité des cas, les utilisateurs acceptent ces conditions d'utilisation qui incluent par défaut le partage de données.
En conséquence, une majorité des utilisateurs ignorent purement et simplement que leurs données sont utilisées de cette manière.