5G: l'Allemagne ne bannit pas Huawei, mais prend des précautions pour protéger son réseau

"Nous donnons à chacun sa chance, mais bien sûr sans être naïf", a déclaré Angela Merkel, chancelière allemande. - John MacDougall - AFP
L'Allemagne ne cède pas aux pressions américaines et annonce sa décision de ne pas bannir les équipementiers chinois, malgré les menaces de Washington de revoir la coopération sécuritaire transatlantique.
Pour le déploiement du réseau 5G, dont les enchères ont été lancées ce mardi, les quatre opérateurs en lice (Deutsche Telekom, Vodafone, Telefónica/O2 et 1&1/Drillisch) pourront donc s'équiper des systèmes de Huawei ou ZTE.
Mais parallèlement, les Allemands ont décidé de durcir les règles de sécurité en matière de télécommunication. Lors d'une conférence de presse en marge d'un sommet économique à Berlin, Angela Merkel a annoncé vouloir donner "à chacun sa chance, mais bien sûr sans être naïf, nous voyons bien que les lois en Chine sont très différentes des nôtres". La chancelière fait référence à la législation chinoise qui oblige une entreprises privée à collaborer avec les autorités chinoises si la demande leur est faite.
Des clauses de non-espionnage
Pour dissuader l'Allemagne, les Etats-Unis ont mis une pression toute particulière sur l'Allemagne. L'ambassadeur américain Richard Grenell a adressé une lettre au ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier, proche d'Angela Merkel, pour lui signifier que le partage d'informations confidentielles pouvait être revue si Berlin ne bannissait pas les Chinois de son internet ultra-rapide.
La semaine dernière, le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Curtis Scaparrotti, a affirmé que les forces de l'Otan cesseraient de communiquer avec leurs collègues allemands si Berlin s'associait avec des groupes comme Huawei. Cette position de défiance était aussi partagée en Allemagne par les agences allemandes de renseignement.
La chancelière assure que Berlin va "discuter" de sa stratégie en termes de protection des réseaux avec ses partenaires, dont Washington. Le gouvernement planche sur un catalogue de mesures valables pour l'ensemble des prestataires du chantier de la 5G. Opérateurs, équipementiers, fournisseurs et éditeurs d'outils informatiques devront se soumettre à des clauses de non-espionnage en se pliant à des tests. Ils devront aussi publier les codes source des programmes utilisés dans les infrastructures. En cas de manquement à ces règles, le gouvernement pourrait demander le remplacement d'équipements déjà installés, ce qui reviendrait à pouvoir exclure Huawei sans prononcer de bannissement formel, détaille le journal Handelsblatt.