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Avec son nouveau parc, le Futuroscope est-il toujours à la pointe de la tech en 2024?

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Ce lundi 15 juillet, le Futuroscope ouvre sa nouvelle zone aquatique, l'Aquascope. 37 ans après son ouverture, que reste-t-il des promesses pédagogiques des débuts?

Il y a 37 ans, le Futuroscope ouvrait ses portes dans la Vienne avec comme objectif d’offrir une vision du futur avant le grand boom des années 2000, le tout, dans une volonté éducative assumée. Un pari ambitieux, tenté également par Disney et son Epcot aux Etats-Unis, qui a néanmoins pris du plomb dans l’aile au fur et à mesure du temps.

Lors de son ouverture le 31 mai 1987, il était décrit comme "le parc européen de l'image", d'abord en diffusant des contenus documentaires, avant d'engager un renouvellement de son audience en accueillant, dès les années 90, ses premières attractions et spectacles à sensation.

Mais d’ici 2025, le Futuroscope va renouveler 60% de ses attractions pour se refaire une beauté. Ce lundi 15 juillet s'ouvre l'Aquascope, qui se distingue des autres zones aquatiques dans toute la France par les technologies qu’il utilise. Coût de l’opération: 57 millions d’euros pour six ans de travaux.

Des expériences plutôt que le "futur"

"Le Futuroscope, c’est une pluralité d’expériences, une diversité qui fait qu’il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges, mais aussi pour toutes les bourses," explique Rodolphe Bouin, directeur général du Futuroscope, à Tech&Co.

Il confie néanmoins que le nom du parc est "un héritage compliqué", notamment car les films et programmes qui évoquaient le futur au milieu des années 90 sont moins présents aujourd’hui, et font donc moins rêver. De fait, pas de voitures volantes ou de téléportation, et encore moins de vaisseaux spatiaux qui voyagent à travers la galaxie. Cela n’empêche cependant pas le Futuroscope d’être encore utile à son temps: "Un projet va arriver fin 2025 en partenariat avec l’Éducation nationale, qui va montrer les nouvelles technologies, l’école de demain, les nouveaux métiers."

"Finalement, on pense qu’on s’écarte du futur, mais jamais vraiment complètement," précise-t-il.

La place de l’éducation dans le Futuroscope est importante: plus de 200.000 élèves viennent chaque année le visiter avec des ateliers qui leur permettent de découvrir les technologies qui entreront dans les salles de classe à l’avenir.

Pour autant, les nouvelles technologies sont parfois source de difficultés. Pour l’attraction Sébastien Loeb Racing Xperience, inaugurée en 2018 et fermée en 2023, le choix avait été fait de proposer une activité avec 108 casques de réalité virtuelle. Mais les défis rencontrés, notamment au niveau de la maintenance, n’ont pas permis de transformer l’essai.

Rodolphe Bouin précise néanmoins qu'une cellule de recherche et développement va à la rencontre des nouvelles technologies dans le but de les adapter aux contraintes d’un parc d’attractions: "Neuf fois sur dix, ça ne fonctionne pas, ça ne match pas. Et puis une fois sur dix, ça marche bien et on arrive à adapter une technologie avec une thématique."

"Entretenir la curiosité"

Le Futuroscope s’était ainsi doté d’un partenariat avec Ubisoft et ses Lapins Crétins, le jeu vidéo prenait ainsi une place de choix dans l’offre d’attractions du parc. "On veut construire des attractions pour vingt ans," confie son Directeur général. La danse avec les robots fait partie, selon lui, des bons exemples: "On a proposé une technologie qui n’était absolument pas issue du tourisme."

Le parc n’achète d’ailleurs pas ses attractions "sur catalogue", comme plusieurs autres de ses concurrents: "C’est assez pionnier de ce point de vue-là." Chasseurs de tornades, qui simule les vents extrêmes, a ainsi obtenu de nombreux prix dans le monde entier.

Mais si les plus grosses attractions sont souvent celles qui sont mises en avant, cela n’en fait pas pour autant les préférées des visiteurs. Étincelles, qui est dotée d’un budget d’environ 2 millions d’euros - contre 21 millions d'euros pour Chasseurs de tornades - le montre, en étant numéro 1 dans les études d’opinion: "C’est bluffant, c’est extraordinaire même, on a réinventé le genre. On a montré aux Français que les héros ont été créés en France, bien avant que Marvel n’arrive."

Le Futuroscope, c’est donc ça. Sous ses aspects vieillot et parfois franchouillard, le futur que l’on peut voir à Poitiers n’est peut-être pas à la pointe des nouvelles technologies - comme l’IA, qui n’est pas présente dans le parc - mais le parc innove d’une autre manière: “A chaque fois qu’on crée une attraction, on essaie de la faire de manière un peu différente, pour entretenir la curiosité.”

Confiant en l’avenir, le directeur général du Futuroscope s’attend donc à de nouveaux visiteurs, mais aussi un afflux d’anciens qui viendront prolonger leur séjour. L’Aquascope est en effet bien plus qu’une nouvelle zone, c’est un parc à lui tout seul, avec une seconde billetterie. En 2023, ils étaient près de 2 millions à découvrir un parc qui n’a visiblement pas dit son dernier mot.

Sylvain Trinel