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Une association va saisir la commission européenne contre les rejets d'une centrale EDF dans l'Étang de Berre

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Vingt ans après la condamnation de la France pour les rejets d'eau douce de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas, l'association le Raid de l'Étang de Berre annonce avoir saisit la Commission européenne pour faire cesser cette pratique néfaste pour l'écosystème.

L'association Le Raid de l'Étang de Berre (Bouches-du-Rhône) a décidé de saisir la Commission européenne et de porter plainte contre la France pour son inaction contre les rejets d'eau douce de l'usine EDF de Saint-Chamas.

"Comme les choses ne bougent pas, on va aller devant l'Europe, saisir la Commission européenne et traduire la France afin qu'elle prenne ses responsabilités", assure Jean-Philippe Garcia, président de l'association à notre micro.

"On ne se baigne pas dans l'étang"

L'anse de Saint-Chamas se situe au nord de la lagune d'eau saumâtre. Son écosystème est très fragile et nécessite une bonne oxygénation. Or, la centrale hydroélectrique lâche des centaines de millions de m3 de rejets tous les ans et des dizaines de tonnes de limons qui nuisent à la faune et à la flore locale.

Jean-Claude, 73 ans, s'est baigné lorsqu'il était enfant sur les plages autour de Saint-Chamas. C'est inenvisageable pour lui aujourd'hui. "On ne se baigne pas dans l'étang, on regarde les gens se baigner", explique-t-il à BFM Marseille Provence. Là où il avait l'habitude de voir des palourdes, le retraité constate aujourd'hui une profusion d'algues.

Une famille a choisi de passer une partie de sa journée au bord de l'étang. Virginie, âgée d'une quarantaine d'années, partage ses doutes sur la qualité des eaux. "Je m'y baigne parce que j'ai mes enfants qui veulent. Quand j'étais petite, on disait que c'était pollué", reconnaît-elle.

Un arrêt pendant quelques mois tous les ans

En 2004, la France a été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires contre une pollution "massive et prolongée".

Deux ans plus tard, un décret a été adopté limitant ces rejets à 1,2 million de m3 par an mais ces quantités étaient encore trop importantes. Le syndicat mixte de l'étang (Gipreb) s'est lancé dans une bataille juridique contre EDF après "des rejets d'eau chargée en nitrates et en limons ayant conduit au cours de l'été 2018 à une crise écologique sans précédent".

Le tribunal correctionnel de Marseille s'était déclaré incompétent mais cette action avait abouti à la mise en place d'une médiation pénale conclue en octobre dernier par un protocole d'accord entre EDF et le Gipreb. L'énergéticien s'est engagé à arrêter les rejets du 1er juin au 30 août pendant quatre ans.

Florent Bascoul