BFM Lyon
Lyon

"Une volonté de censure": la femme de Salah Hamouri réagit à l'annulation de sa venue à Lyon

placeholder video
La conférence à laquelle devait participer l'avocat franco-palestinien à l'invitation de la municipalité de Lyon a été annulée après avoir déclenché une vive polémique.

Elle dénonce une "volonté de censure". Elsa Lefort, militante des droits de l'Homme et épouse de Salah Hamouri, a réagi à l'annulation de la venue à Lyon de l'avocat franco-palestinien dans le cadre d'une conférence consacrée au 30ème anniversaire des accords d'Oslo. L'événement, initialement prévu ce mercredi et organisé par la municipalité, n'aura finalement pas lieu.

"Salah est juste là pour témoigner de son vécu d'ancien prisonnier politique palestinien qui a été expulsé manu militari de Palestine et qui ne peut plus vivre dans sa ville natale, Jérusalem", a déclaré Elsa Lefort au micro de BFM Lyon .

"C'est dommage de céder à ces pressions, cette volonté de censure. Après, effectivement, on comprend. C'est un contexte qui a pu être lourd pour le maire et ses adjoints. Mais on pense qu'il fallait quand même tenir bon, permettre à ce débat de se dérouler", a-t-elle ajouté.

Une invitation sous le feu des critiques

En raison de cette invitation adressée à Salah Hamouri, Grégory Doucet s'était retrouvé sous le feu des critiques d'élus, notamment de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que de membres de la communauté juive. Daniel Dahan, grand rabbin de Lyon, avait d'ailleurs fait savoir ce vendredi sa décision de se retirer d'un groupe interconfessionnel créé par la mairie de Lyon, afin de protester contre sa venue.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est quant à lui réjoui de l'annulation de l'événement. "Il est heureux que le maire de Lyon ait renoncé à son projet mortifère, parce qu'il ne peut y avoir en aucun cas un doute sur la lutte contre l'antisémitisme dans notre pays", a-t-il déclaré mardi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Avant de rappeler que si la conférence avait été maintenue, elle aurait pu être interdite par l'Etat en raison de risques de troubles à l'ordre public.

Des propos incompréhensibles pour Elsa Lefort: "Depuis 2012, Salah Hamouri a fait plusieurs réunions publiques dans ce genre partout en France et elles se sont toutes bien passées. Il n'y a jamais eu aucun trouble à l'ordre public. Il n'y a jamais eu aucun propos haineux dans ses discours. Libre à chacun de le constater en participant une réunion publique".

"Salah a le droit de parler"

Salah Hamouri a été condamné à une peine de prison en 2008 pour appartenance à une organisation classée terroriste et pour avoir participé à la tentative d'assassinat de l'ancien grand rabbin d'Israël.

L'avocat franco-palestinien a été expulsé par Israël vers la France le 18 décembre dernier, après neuf mois de détention sans accusation formelle de la part des autorités. Une expulsion par ailleurs qualifiée de "grave violation des droits humains" par l'ONG Amnesty International.

Vivant depuis en France, il est soupçonné par Israël de liens -ce qu'il nie- avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), organisation jugée terroriste par l'État hébreu et l'Union européenne.

"Ils estiment qu'il ne doit pas pouvoir s'exprimer, alors qu'il est libre, il est en France où il n'a jamais été ni inculpé, ni condamné pour quoi que ce soit. En Israël, il a été condamné alors qu'il a toujours nié et alors que la diplomatie française l'a toujours soutenu. Salah Hamouri a le droit de parler maintenant", a défendu Elsa Lefort.

Sarah Boumghar