Piero CRUCIATTI / AFP
Prada questionne la féminité à la Fashion Week de Milan
Que signifie la féminité aujourd'hui? C'est à cette question que les deux créateurs Miuccia Prada et Raf Simons ont souhaité répondre lors de leur collection hivernale présentée à la Fashion Week milanaise, ce 27 février. Entre les robes noires ultra simples, les tops qu'on pourrait piquer à notre petite soeur et les robes vintage de nos grands-mères, focus sur ce show qui pousse à la réflexion plus qu'il ne fascine par ses architectures vestimentaires.
Prada interroge la féminité
La maison Prada n'a plus rien à prouver en matière de style. Et elle le sait. Artistiquement dirigée par la petite-fille du fondateur, Miuccia Prada, depuis 1978, la marque s'est imposée par ses silhouettes avant-gardistes, coquettes et intellectuelles. Aux côtés de son compagnon Patrizio Bertelli, la styliste crée le mythe. On se souvient du sac en nylon qui avait à l'époque offusqué les puristes, et aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands it-bag du monde. C'est aussi avec sa marque Miu Miu, la petite soeur de Prada, que Miuccia a affirmé sa stratégie en s'adressant à une clientèle plus jeune et branchée, préservant ainsi l'esthétisme de Prada tout en captant une nouvelle cible.
Conceptuelle et anti-glamour inutile, Miucci Prada réfléchit la mode, l'interroge et la questionne. Et la créatrice n'a pas peur du dialogue et des débats. En 2020, elle choisit de travailler aux côtés de Raf Simons (ex Dior), qui devient co-directeur artistique de la maison. En toute humilité, la créatrice partage le devant de la scène avec le styliste de renom, préférant délivrer des messages au sein de ses collections pensées à deux imaginaires que de s'attirer seule les louanges d'une sphère mode établie.
Pour sa collection automne-hiver 2025-2026, Prada s'intéresse à un concept constitutif de la mode mais pourtant divergeant: la féminité. Les deux directeurs artistiques se sont ici demandés comment définir un principe si subjectif. Le défilé s'illustre ainsi comme "une interrogation sur ces concepts - lui-même un exercice pour poser des questions, provoquer des discussions, autour de notre perception collective de la typicité de la féminité, des notions de beauté, de la façon dont ces perceptions peuvent changer en permanence", décrit la marque sur Instagram.
Une collection aux multiples influences
Dans cette idée, Prada dévoile une collection variée, où il est parfois difficile de percevoir le lien entre les pièces si ce n'est leur reflet de la féminité à un moment T.
On commence par la mythique petite robe noire, la pièce ultime pour être élégante et/ou sexy en toutes circonstances. Prada la met en scène de manière brute, avec une coupe droite longueur genou, dans une simplicité presque austère et triste. La robe prend alors une autre dimension selon l'allure de celle qui la porte, comme ici avec des modèles dénués de maquillage et aux cheveux décoiffés.
Prada nous emmène dans une autre époque avec des robes vintage sages habillées de gros boutons ou de noeuds. Arrivant au niveau des genoux, ces pièces évoquent des codes de féminité d'antan, où trop en dévoiler n'était pas synonyme de raffinement selon les bien-pensants. Quelques motifs fleuris kitsch sont aussi proposés, que l'on trouve davantage dans les vestiaires de nos grands-mères que ceux de la GenZ.
Au contraire, des petits tops bustiers à fines bretelles pourraient davantage s'immiscer dans les garde-robes de nos petites soeurs. En témoigne ce haut d'été en maille contrasté avec une jupe à large revers en cuir, comme un sac seau à serrer avec des liens, pour un look entre style teenager et puissance audacieuse.
Quelques silhouettes se distinguent par leur allure tendance, proche du style Miu Miu, comme le combo chemise ouverte et nouée et micro jupe évasée. Un look preppy repensé par Prada.
Prada fait aussi preuve d'audace avec la robe verte pomme qui fait écho au pardessus imperméable que l'on porte en cas de pluie. Une pièce pour le moins originale, d'autant plus qu'elle est associée à un col en fourrure marron, des escarpins et un sac en cuir.
Jean brut surmonté d'une robe rouge, veste courte en fourrure, pantalon taille basse associé à un top couleur moutarde, ceinture très fine (adoptée aussi pour la saison par Fendi)... Prada s'amuse de ce qui est et était à la mode, toujours dans cette ambition de démontrer que la féminité n'est qu'un regard éphémère corrélé au pouls sociétal.
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