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"Une approche extrêmement insensible": en Autriche, un projet immobilier sur un ancien camp nazi suscite l'indignation

Le camp de concentration nazi de Mauthausen, dans le nord de l'Autriche, le 28 avril 2015.

Le camp de concentration nazi de Mauthausen, dans le nord de l'Autriche, le 28 avril 2015. - JOE KLAMAR / AFP

Le terrain sur lequel se trouvait une annexe pour femmes du camp de concentration de Mauthausen a été vendu pour 15 millions d'euros. L'acquéreur, qui veut y construire des bâtiments commerciaux, est accusé de ne pas préserver "l'importance historique et morale" du lieu.

La révélation en Autriche d'un projet de zone industrielle sur un site du camp nazi de Mauthausen a suscité des réactions indignées, le mémorial de Mauthausen déplorant jeudi 14 novembre le "rejet" de toute discussion pour préserver "l'importance historique et morale" du site.

Informé en 2021, le mémorial autrichien "a tenté d'attirer l'attention des décideurs" sur l'histoire de cette annexe pour femmes du camp de concentration de Mauthausen, située à Hirterberg sur la commune de Leobersdorf, dans le nord-est du pays.

Mais ses "demandes téléphoniques et écrites ainsi que ses offres de pourparlers pour évoquer ensemble des possibilités de commémoration des victimes" ont été "ignorées ou rejetées", a déclaré à l'AFP la porte-parole Valerie Seufert.

Auparavant, la presse autrichienne avait révélé la vente pour 15,25 millions d'euros par l'entreprise immobilière du maire d'un terrain sur lequel se trouvent encore les vestiges des baraquements. Environ 400 déportées, principalement russes, italiennes et polonaises, y ont été forcées à la fabrication de munitions d'infanterie entre septembre 1944 et avril 1945.

L'acquéreur veut y construire des bâtiments commerciaux grâce à des changements d'affectation votés en conseil municipal, pour lesquels il a versé 1,34 million d'euros supplémentaires.

"Une approche extrêmement insensible"

Pour le maire indépendant Andreas Ramharter, interrogé par l'agence de presse APA, tout est en ordre, puisque le terrain privé acquis en 2021 et revendu en deux tranches juste après n'est pas classé aux monuments historiques. Il a été convenu de ne pas creuser les sols afin de préserver les fondations des baraquements.

Le Centre de documentation et d'archives sur la résistance (DÖW), s'est offusqué "d'une approche extrêmement insensible, non seulement pour les proches des victimes, mais aussi pour la société en général, qui a le droit d'être informée des événements et des crimes du passé", selon des déclarations au quotidien Die Presse.

La porte-parole du parti social-démocrate pour le travail de mémoire Sabine Schatz trouve également "ahurissant qu'on traite encore en 2024 avec autant de désinvolture des terrains chargés d'histoire".

La responsabilité envers les victimes nécessite selon elle "une approche respectueuse".

Pour la représentante des Verts de la région de Basse-Autriche Helga Krismer, il est "particulièrement inquiétant de constater qu'on trouve toujours des profiteurs dans l'entourage des maires".

Le mémorial de Mauthausen précise qu'en avril, "une stèle a été érigée dans le centre de Hirterberg", indiquant clairement que les lieux étaient autrefois partie prenante du système concentrationnaire.

MC avec AFP