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Littoral: pourquoi autant de bouchons sur l'A16, à l'approche du Brexit?

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La crainte des tarifs douaniers et la réduction des liaisons maritimes ont entraîné un engorgement du trafic. Les temps de trajet sont rallongés pour les chauffeurs routiers, qui font également face à une hausse des tentatives d'intrusion de migrants.

Alors que les négociations patinent entre Européens et Britanniques à trois semaines du Brexit, le trafic s'intensifie un peu plus sur l'autoroute A16. L'autoroute, fréquentée par près de 17.000 poids lourds par jour, a vu sa fréquentation grimper de 30% ces dernières semaines. Au point d'atteindre un point de saturation.

>Comment expliquer la saturation du réseau?

Plusieurs facteurs concourent à l'intensification du trafic routier aux abords de Calais. Les Britanniques, tout d'abord, craignent pour certains une forte hausse des tarifs douaniers à compter de 2021. Alors ils anticipent et s'approvisionnent massivement en France tant qu'ils le peuvent.

Dans le même temps, dans un contexte de crise sanitaire, le nombre de liaisons Transmanche a chuté. Plus de véhicules et moins de ferries, donc, pour rallier la Grande-Bretagne depuis la France et vice-versa.

>Quelles conséquences pour les transporteurs de la région?

Avec ces temps de parcours allongés, les entreprises enregistrent automatiquement des pertes financières. Mais là n'est pas la seule conséquence de la saturation de l'autoroute A16. Les chauffeurs de poids lourds observent depuis plusieurs semaines une hausse des tentatives d'intrusion des migrants dans leur véhicule, dangereuses pour les exilés comme pour les routiers.

La semaine passée, la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) Pas-de-Calais avait fustigé "une gestion calamiteuse des flux". Pour Sébastien Rivera, son secrétaire général, cette situation est problématique aussi bien pour les chauffeurs de poids lourds "qui vont vers la Grande-Bretagne, mais également les véhicules qui vont livrer la grande surface locale, qui vont livrer un chantier".

"On réclame un dispositif qui permettra facilement aux forces de l'ordre de distinguer les flux et de laisser passer le flux local", a-t-il affirmé au micro de BFM Grand Littoral.

>Quelles solutions sont avancées par l'État?

Dans l'urgence, la préfecture a dépêché plusieurs centaines de CRS supplémentaires pour assurer le maintien de l'ordre et a activé des zones de stockage des poids lourds. En parallèle, en prévision du Brexit, l'État a investi près de 40 millions d'euros dans les infrastructures douanières. Et mise particulièrement sur un dispositif de frontière numérique pour fluidifier la circulation une fois le Brexit entériné.

"La grande incertitude, c'est: à quel point les entreprises auront anticipé le Brexit?, s'interroge Paul-François Schira, sous-préfet en charge de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Si elles l'ont anticipé, nous pouvons absorber et soutenir le même flux qu'aujourd'hui, parce que 90 à 95% des camions passeront grâce au système de frontière intelligente, sans arrêt physique, sans contrôle physique."

Et Clément Beaune, le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, d'assurer: "Nous sommes prêts. (...) Quoi qu'il arrive, le 1er janvier, nous serons dans un univers différent, qu'il y ait un accord ou qu'il n'y ait pas d'accord avec le Royaume-Uni".

Chloé Berthod et Lionel Top avec Florian Bouhot