Immeuble squatté à Calais: les quatre militants pro-migrants n'iront pas au procès

Ils échapperont finalement au procès. Ce vendredi, la nullité des gardes à vue a été retenue pour les quatre militants anti-frontières qui avaient occupé un immeuble à Calais.
"Ça veut dire qu'on va en rester là", a résumé le président du tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer devant le regard incrédule des prévenus - une Belge de 21 ans, et trois Français de 24, 26 et 27 ans - qui ont mis quelques secondes à comprendre la décision.
Un délai dépassé
Leur avocate, Me Hanna Rajbenbach avait relevé dès le début de l'audience "des problèmes" sur "le respect de la procédure pénale au stade de la garde à vue".
"Les droits de mes clients leur ont été notifiés tardivement. L'avis à magistrat (la notification de la garde à vue au parquet, ndlr) a également été envoyé de façon tardive", a-t-elle développé, réclamant la nullité.
Après trois heures d'audience, le tribunal a considéré que "le délai avait effectivement été dépassé".
La nullité de la garde à vue entraînant la nullité du déferrement devant le juge et de leur comparution, "le tribunal n'est pas saisi de ce dossier", a tranché le président.
Ils demandaient l'arrêt des expulsions de migrants
Les quatre prévenus faisaient partie de la centaine de personnes rassemblée le 10 février au pied d'un immeuble de Calais squatté depuis trois jours par des militants réclamant l'arrêt des expulsions de migrants et la fin du harcèlement par la police.
Ils étaient accusés d'avoir frappé, craché et jeté des pavés sur les fonctionnaires de la Bac de Calais, qui avaient interpellé une douzaine de personnes ce soir-là, dans un contexte tendu.
L'immeuble occupé avait été évacué le lendemain par une dizaine de policiers du Raid, déposés par hélicoptère sur le toit de cet immeuble social désaffecté et voué à la démolition. Les occupants avaient déjà quitté les lieux.
Les prévenus ont gardé le silence vendredi lors de leur procès pour "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique", se contentant de nier de la tête ou de sourire à la lecture des procès-verbaux des forces de l'ordre.
Le tribunal et la défense ont regretté l'absence des policiers et d'images pour étayer les faits.
"Il n'y a ni vidéosurveillance, ni caméra-piéton. Et l'enquête de voisinage ne dit pas grand chose", a relevé le président.