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Ce que l'on sait de la mort de quatre migrants, dont un enfant de deux ans, dans des tentatives de traversée de la Manche

Quatre personnes dont un enfant de deux ans sont mortes dans deux tentatives distinctes de traversée de la Manche samedi 6 octobre.

Quatre personnes dont un enfant de deux ans sont mortes dans deux tentatives distinctes de traversée de la Manche samedi 6 octobre. - BFMTV

Quatre personnes, dont un enfant de deux ans, sont mortes dans deux tentatives distinctes de traversée de la Manche samedi 5 octobre. Les autorités appellent à "trouver des solutions" pour éviter de nouveaux drames.

Deux nouveaux drames migratoires dans la Manche. Un enfant de deux ans, deux hommes et une femme, sont morts ce samedi 5 octobre, écrasés dans de petites embarcations, un au large du Boulonnais et un autre dans le Calaisis, alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Angleterre.

• Un enfant mort et un blessé dans un premier drame

Une première intervention des secours s'est déroulée en début de journée samedi entre 8 heures et 9 heures. La préfecture maritime a fait état d'un canot surchargé, avec à son bord près de 90 personnes, ayant demandé assistance après une panne moteur.

Les secours ont récupéré 14 personnes à bord, parmi lesquelles le jeune enfant mort, ainsi qu'une personne blessée. L'adolescent de 17 ans a été hélitreuillé vers l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, en lien avec des brûlures aux jambes, a précisé le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant.

Les autres passagers du canot ont poursuivi leur route vers l'Angleterre, selon cette même source. La préfecture maritime précise qu'il ne s'agit pas d'un naufrage. Selon les premiers éléments, l'enfant a été "écrasé", a indiqué le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.

• Trois morts lors d'une deuxième intervention

La deuxième opération de sauvetage concernait une embarcation ayant pris la mer depuis les côtes du Calaisis et sur laquelle se trouvait 83 migrants, selon le préfet. C'est sur cette embarcation qu'ont été retrouvées les trois autres personnes inanimées qui ont été déclarées mortes.

Il s'agit de deux hommes et une femme d'environ 30 ans, "vraisemblablement écrasés, étouffés et noyés au moment des bousculades, dans les 40cm d'eau présents au fond de l'embarcation pneumatique", selon le préfet.

Sur ces trois victimes adultes, l'une est vietnamienne et deux sont d'"origine africaine", tandis que l'enfant décédé dans le premier canot est né en Allemagne d'une mère somalienne, selon le procureur, qui annonce l'ouverture de deux enquêtes distinctes.

Le préfet explique par ailleurs que des pannes moteur ont provoqué des mouvements de panique entraînant la chute dans l'eau de plusieurs passagers, mais que "fortes heureusement, elles ont toutes pu être secourues". Tous les passagers de ce second bateau ont finalement été pris en charge par les patrouilles.

• 237 migrants secourus en mer samedi

De nombreux migrants tentent de traverser la Manche depuis que les conditions météorologiques se sont améliorées, jeudi soir, précise le préfet, estimant qu'actuellement "la pression est très importante sur l'ensemble du trait de côte", du Nord à la Somme en passant par le Pas-de-Calais.

Rien que sur la journée de ce samedi 5 octobre, 237 personnes ont été secourues en mer, selon la préfecture maritime, et depuis jeudi soir, 31 tentatives de traversées ont été empêchées par les forces de l'ordre. "Les embarcations sont surchargées, elles sont de mauvaise qualité, sous-gonflées, sans plancher, sous-motorisées et sans gilet de sauvetage pour tous les occupants", a déploré le préfet.

Il a également dénoncé le comportement des passeurs qui, "pour sécuriser leurs gains (...) n'ont pas hésité à séparer des enfants en bas âge de leurs parents à qui ils n'ont pas permis l'accès au bateau, tandis que l'enfant seul avait été pris de force dans l'embarcation".

• "Trouver des solutions" pour éviter de nouveaux drames

Le Premier ministre Michel Barnier a relayé les événements tragiques dans un post sur X ce samedi. Il a également présenté ses "condoléances aux familles des victimes" et a salué "l'action des services de secours, sans laquelle le bilan aurait pu être encore plus lourd".

"Ce nouveau drame montre bien la nécessité de lutter sans relâche contre les réseaux de passeurs qui exploitent la détresse humaine. Et aussi de trouver des solutions pour éviter que quiconque tente ces périlleuses traversées. Je sais pouvoir compter sur la détermination de Bruno Retailleau et Fabrice Loher pour y travailler", poursuit Michel Barnier.

"Épouvantable drame qui doit tous nous faire prendre conscience de la tragédie qui se joue. Les passeurs ont le sang de ces personnes sur les mains et notre gouvernement intensifiera la lutte contre ces mafias qui s'enrichissent en organisant ces traversées de la mort", a écrit le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X.

Avant les événements de samedi, une série de naufrages avait déjà fait de 2024 l'année la plus meurtrière dans la Manche depuis le début en 2018 du phénomène des traversées à bord de canots pneumatiques, avec un bilan s'établissant à au moins 46 décès.

Le corps d'un autre migrant a été retrouvé récemment, portant le bilan à 51 après les quatre décès de samedi selon Jacques Billant.

Alicia Foricher avec AFP