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Nord: procédure engagée contre deux communautés Emmaüs pour des conditions de travail indignes

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Le sort de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille et de celle de Grande-Synthe, près de Dunkerque, était en suspens depuis le dernier conseil d'administration du 14 septembre.

Une procédure a été engagée à l'encontre de deux communautés Emmaüs, dans le Nord, accusées d'imposer des conditions de travail indignes, a-t-on appris jeudi auprès du mouvement de lutte contre la précarité fondé par l'Abbé Pierre.

Le sort de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille et de celle de Grande-Synthe, près de Dunkerque, était en suspens depuis le dernier conseil d'administration du 14 septembre où la situation au sein des deux antennes avait été évoquée.

Une "ligne rouge" franchie

Lors d'un nouveau conseil d'administration mardi, deux décisions ont été prises contre ces communautés qui ont "franchi une ligne rouge contraire aux valeurs d'Emmaüs", a indiqué jeudi à l'AFP le délégué général du mouvement, Tarek Daher.

Une "procédure dite de traitement des conflits" a été engagée et pourrait déboucher sur l'exclusion définitive du mouvement Emmaüs des deux communautés lors de la prochaine assemblée générale prévue en juin prochain, a-t-il précisé.

En attendant, une autre procédure sera par ailleurs mise en oeuvre à partir du 19 octobre et pourrait entraîner la "suspension provisoire" de la qualité de membre de ces deux communautés du mouvement.

Une vingtaine de compagnons, tous en situation irrégulière, sont en grève depuis début juillet à Saint-André-lez-Lille et accusent la direction locale de les exploiter, sans leur ouvrir de perspective d'insertion.

"Traite d'êtres humains" et "travail dissimulé"

Une enquête a été ouverte en mai pour "traite d'êtres humains" et "travail dissimulé" et confiée à la Brigade mobile de recherche zonale (BMRZ) et à l'Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI).

Fin août, la communauté de Grande-Synthe a entamé elle aussi un mouvement de grève, auquel participent une vingtaine de compagnons, pour protester contre les conditions de travail.

Ce mouvement de grève a été rejoint en septembre par deux autres antennes, à Tourcoing et à Nieppe, toujours dans le Nord, pour dénoncer des conditions de travail indignes et réclamer des régularisations.

"Ce sont des situations très différentes", a estimé Tarek Daher. "Il y a un effet loupe sur ces communautés là, il ne faut pas oublier que le mouvement ce sont 122 communautés, 7.000 compagnes et compagnons".

"Pour autant, on ne fait pas l'autruche : le modèle communautaire est un modèle complexe, qu'il y ait énormément d'enseignements à tirer de ces crises c'est évident", a-t-il ajouté.

A. La. avec AFP