Nord: une peine de prison avec sursis requis contre l'administrateur de l'entreprise Roquette

La balance de la Justice (illustration) - AFP
Le parquet de Lille a requis ce jeudi six mois de prison avec sursis contre Christophe Roquette, administrateur du géant de l'agroalimentaire Roquette frères, pour s'être rendu complice d'achat de voix lors d'un vote qui avait transformé l'organisation de l'entreprise familiale.
Il a également requis une amende de 5.000 euros, alors que 27 membres de la famille réclament un total d'environ 15 millions d'euros de dommages et intérêts. La décision a été mise en délibéré au 27 janvier.
Un société valorisée à "5 milliards d'euros"
Créée en 1933 à Lestrem (Nord) par les frères Dominique et Germain Roquette, la société est aujourd'hui valorisée "environ 5 milliards d'euros", a rappelé le président Jean-Marc Defossez. Au fil des années, Roquette a été divisée entre leurs descendants, via des holdings.
Jusqu'en 2011, Roquette Frères était détenue à 66% par les descendants de Germain Roquette, et à 34% par les descendants de Dominique, via une quinzaine de holdings.
Un projet de fusion, visant selon Christophe Roquette à "simplifier les prises de décisions", avait été refusé par les actionnaires en avril 2011. Mais en décembre 2011, un deuxième projet a été adopté à une large majorité.
Si la fusion ne "change rien du point de vue des titres détenus", elle fait disparaître les sociétés intermédiaires et modifie l'organisation de l'entreprise. Certains membres ont disparu du conseil d'administration.
"Je n'ai jamais acheté de voix"
Christophe Roquette est soupçonné de s'être rendu complice d'achat de voix, initiés par ses deux oncles Claude et Philippe, proposant à plusieurs membres de la famille de bénéficier de clauses dans des contrats d'assurance vie souscrits par les deux nonagénaires.
Le prévenu en aurait lui-même bénéficié.
"Je n'ai jamais acheté de voix", a répondu devant la cour le prévenu Christophe Roquette.
Les clauses dont ont bénéficié certains actionnaires n'avaient "aucun lien" avec la fusion, et visaient à "rééquilibrer le paiement de l'ISF" au sein de la famille, une opération existant depuis 1995, a-t-il justifié.
Les parties civiles veulent de leur côté "remettre de l'éthique" au coeur de cette société familiale, assure leur avocat Me Stéphane Dhonte, et "mettre un coup d'arrêt à ces ententes et pratiques".