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Fermeture du dernier Macumba de France: son directeur pleure "la fin d'une chaîne mythique"

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Le dernier Macumba de France, vestige des années 80 et du monde de la nuit, fermera ses portes près de Lille fin février. Au terme de 60 ans d'histoire et 23 salles sur tout le territoire, le directeur du dernier club Dimitri Derepas pleure "la fin d'une chaîne mythique" de discothèques.

Au Macumba, il ne sera bientôt plus possible de danser tous les soirs, comme le promettait la chanson de Jean-Pierre Mader. À partir de fin février, la dernière boîte de nuit sous ce nom en France fermera définitivement ses portes à Englos (Nord) après près de 50 ans d'existence. Une "dernière danse" est prévue dans l'établissement le week-end des 22 et 23 février.

"Un crève-cœur" pour le directeur Dimitri Derepas, à la tête de cette discothèque depuis 10 ans. "Au-delà de celui d'Englos, aujourd'hui c'est une chaîne mythique qui ferme ses portes, une page se tourne. Après, c'est aussi la fin d'une époque..."

Un contexte défavorable pour les discothèques

À quelques semaines de la fermeture, Dimitri Derepas se dit "très ému" par les messages d'affection, les témoignages d'amour et de tristesse qu'il reçoit en masse de clients depuis l'annonce. "Je sais qu'on est dans le cœur des gens, qui sont nombreux à s'y être rencontrés", explique-t-il à BFMTV.com.

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Le dernier Macumba ferme ses portes: les discothèques en voie de disparition?
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Si les temps sont durs pour les discothèques et le monde de la nuit en France, l'irréductible Macumba lillois, lui, ne ferme en aucun cas à cause de difficultés financières. "Son fondateur historique Henri Souque, qui a créé le concept en 1965 au retour de la guerre d'Algérie, a aujourd'hui 84 ans. Il veut simplement jouir d'une retraite bien méritée", insiste le directeur de l'établissement, pour qui le Macumba reste à ce jour "une salle de référence".

"On aurait pu continuer encore des années! Le Macumba, c'était toute la vie d'Henri Souque. Il faut le comprendre maintenant... Avec l'âge et les années, il ne pouvait plus tout gérer. Les salles ont fermé les unes après les autres et ses enfants n'étaient pas intéressés pour reprendre le business", confie Dimitri Derepas.

Le fonds de commerce d'Englos, d'une surface de 1500m², a ainsi été cédé à un groupe immobilier. "Malheureusement aujourd'hui une discothèque ça ne se rachète plus vraiment. Le marché n'est plus aussi flamboyant que dans les années 80, où les boîtes de nuit étaient le seul loisir des jeunes. Aujourd'hui elles sont plutôt en voie de disparition".

Des clubs qui "ont su parler à tout le monde"

Dans ce contexte défavorable, Dimitri Derepas se targue tout de même que le Macumba soit resté aussi longtemps - 60 ans - sur le devant de la scène. Selon lui, la multiplication des salles sur le territoire français entre les années 70 et 80 (jusqu'à 23 établissements) est d'abord dûe au concept novateur pour l'époque.

C'est à ce moment-là que sont nées "les premières discothèques multi-salles avec des superficies importantes", se souvient le directeur. L'enseigne est devenue tellement emblématique que le mot Macumba a fini par rentrer dans le vocabulaire des Français et le langage courant, non sans aide de la chanson de Jean-Pierre Mader en 1985.

"Quand on pensait au Macumba, on pensait aux pistes de danse rondes ou encore aux podiums sur lesquels dansaient des danseuses en topless ou en ombre chinoise", poursuit le directeur du club du Nord. "Maintenant c'est répandu mais c'est au Macumba que tout ça a commencé".

"Notre force, c'est qu'on a toujours gardé l'âme de départ, on a suivi la mode sans la suivre. Je peux dire qu'on était simple, populaire et familial dans le bon sens du terme. Certains on pu s'en moquer, mais on a su rester généralistes et parler à tout le monde. On est jamais restés dans un seul style musical".

"C'est une époque synonyme des années 80 qui s'achève", a confié à BFMTV Jean-Pierre Mader. "C'étaient des endroits où l'on pouvait rentrer facilement, contrairement aux grands clubs de Paris où il y avait un portier qui filtrait", se remémore le chanteur de 69 ans. "C'était une période moins anxiogène, les gens se mélangeaient".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV