"Pas mal, mais vieille et noire": une candidate à un poste de comptable reçoit par erreur un mail raciste la concernant (et fait condamner l'entreprise)

Bureaux (image d'illustration) - KIM JAE-HWAN / AFP
"Elle n'est pas mal, mais vieille et noire". Alors qu'elle participait à un processus de recrutement au sein d'un cabinet comptable belge, Natali Tshepupu, 36 ans, a reçu un mail d'un DRH responsable de son recrutement qui ne lui était pas destiné, prouvant sa discrimination à l'embauche, rapporte le média belge De Standaard.
"On me demandait ma nationalité, mon âge et mes prétentions salariales. Au bas de l’e-mail se trouvait un historique des e-mails internes, qui ne m’était pas destiné", raconte Natali Tshepupu, qui se rappelle s'être immédiatement recouchée le temps de se remettre du message qu'elle avait lu.
Alors qu'elle ne pensait pas initialement porter plainte, ce sont des amis qui l'ont convaincu de ne pas se résigner à cette discrimination à l'embauche. La candidate discriminée s'est ainsi tourné vers l'Actiris, une agence pour l’emploi bruxelloise et l'Unia, un centre pour l’égalité des chances, afin de faire valoir ses droits.
L'entreprise comptable Grimbergen a tenté de se défendre lorsqu'elle a été sollicitée par le centre pour l'égalité des chances Unia.
Double discrimination
"Ils ont bien fait valoir qu'ils employaient d'autres personnes issues de l'immigration., explique Els Keytsman, directrice d'Unia à De Standaard. Mais cet argument ne permet pas d'exclure le racisme et l'antiracisme dans la candidature de Thsepupu. Il était clair pour nous qu'il s'agissait de discrimination."
Forte de cette preuve écrite, Natali Tshepupu a pu faire condamner l'entreprise pour double discrimination, à la fois raciste et basée sur l'âge, ce qui lui a permis d'obtenir un double dédommagement. Le juge a rejeté les arguments de l'entreprise qui estimait que le courriel n'était pas destiné au public et ne reflétait en rien sa position.
"J’ai des racines congolaises, mais je vis en Belgique depuis mon enfance. Le racisme est souvent si subtil qu’on ne peut pas le prouver, et on en garde ce terrible sentiment. Maintenant, il pourrait être prouvé, et la justice serait là", a déclaré Natali Tschepupu, au sortir du jugement.
Le montant des dommages et intérêts n'a pas encore été tranché par la justice belge.