Un duel entre Xavier Niel et Stéphane Courbit pour le rachat de M6

Les trois candidats déposent jeudi soir de nouvelles offres auprès du propriétaire Bertelsmann. Daniel Kretinsky est le moins-disant.

Ils ne seront bientôt plus que deux dans la course au rachat de M6. Une semaine après le dépôt des premières offres, les trois candidats ont remis jeudi soir de nouvelles propositions améliorées. Cette semaine, ils ont passés des auditions chez M6, en présence de son président Nicolas de Tavernost. Son propriétaire, l’allemand Bertelsmann veut aller vite. Son patron Thomas Rabe est à Paris ce week-end pour choisir, au regard de ces trois nouvelles offres, les deux meilleures pour continuer les négociations.

Au premier tour, les deux premiers candidats, Xavier Niel et Stéphane Courbit sont dans un mouchoir de poche, autour de 20 euros par action, valorisant M6 à un peu plus de 2,5 milliards d’euros et 1,2 milliard pour les 48,3% que détient Bertelsmann dans la chaine. Xavier Niel est "bien positionné", précise une autre source, sous-entendant que le propriétaire de Free, allié à l’italien Mediaset, est le mieux-disant. Le Tchèque Daniel Kretinsky est loin derrière, selon une source proche du dossier. "La hiérarchie ne sera pas bousculée et Kretinsky ne sera bientôt plus en lice", assure une source proche du dossier. Xavier Niel et Stéphane Courbit devraient donc être choisis pour la finale.

Eviter les problèmes de concurrence

Au-delà du prix, chaque écurie tentera de convaincre que son offre ne "pose aucun problème de concurrence", comme l’assurent leurs entourages. L’enjeu est de démontrer qu’ils pourront finaliser rapidement l’opération. Le nouveau propriétaire de M6 devra en effet solliciter une nouvelle licence d’exploitation en janvier pour l’obtenir début mai. "Bertelsmann demande un engagement de boucler le rachat de M6 en trois mois", explique une source proche d’un des candidats.

Le calendrier d’étude des dossiers par les autorités de la concurrence d’abord et de la régulation de l’audiovisuel (Arcom) devra donc être rapide. Or, le président de l’Autorité de la concurrence, Benoit Coeuré, a souligné que ce délai était "très tendu".

"Il a fait comprendre à M6 qu’il ne fallait pas trainer pour que lui aussi puisse aller vite", décrypte un bon connaisseur.

L’antitrust pourrait mener un "test de marché", auprès des entreprises du secteur des médias et recueillir leur avis sur le repreneur choisi. Il devrait durer environ 2 à 3 semaines. Sans compter l’examen de l’Arcom.

Nicolas de Tavernost critique Xavier Niel

L’offre de Stéphane Courbit soulèvera des interrogations chez les producteurs. En France, son groupe Banijay est leader sur la production d’émissions de télé. En revanche, le profil de ses alliés, Marc Ladreit de Lacharrière et CMA CGM, ne poseront pas de problème aux yeux de concurrence. Ils sont des investisseurs purement financiers, absents dans les médias nationaux.

De son côté, Xavier Niel est aussi présent dans la télé à travers Mediawan, numéro un de la production de série et la distribution de chaine via Free. Cette semaine, il a précisé son association avec Mediaset. Il sera majoritaire (51% du capital) dans la société qui rachèterait M6, et la dirigera. Pour rassurer les salariés, il propose une charte d'indépendance pour les journalistes. Et a assuré à la direction de la chaine que Mediaset ne se mêlerait pas de l'éditorial. Ces dernières semaines, Nicolas de Tavernost fait savoir en privé qu'il ne veut pas vendre M6 à Xavier Niel qui a milité pour faire capoter le mariage avec TF1 depuis un an.

"Les Allemands n’ont aucun intérêt à faire un cadeau à leur rival!, souligne un connaisseur du secteur. Sauf à imaginer d’autres alliances ensuite en Allemagne ou en Italie".

L’empire italien de la famille Berlusconi est l’un des principaux concurrents de Bertelsmann en Europe. Le projet porté par Xavier Niel met en avant l’intégration de M6 à une plate-forme européenne alors que Mediaset est présent en Italie et en Espagne. Il s’est en tout cas associé avec le candidat qui avait le plus gros appétit. Lors du premier round en 2021, Mediaset avait proposé 26 euros par action, soit près de 3,3 milliards d’euros de valorisation de M6.

Matthieu Pechberty et Simon Tenenbaum