Télétravail, chômage partiel... Quelle est la situation des salariés français pendant le confinement?

Un quart des salariés est en chômage partiel - Joel Saget -AFP
L’expérience du confinement est loin de se vivre de manière homogène pour les salariés français. Selon un rapport de la Dares (service statistique du ministère du Travail) paru ce vendredi, un quart d’entre eux est en chômage partiel, soit près de 9 millions de salariés aujourd'hui. Un autre quart est en télétravail tandis qu’un troisième quart continue de se rendre sur son lieu de travail. En outre, 13% sont en arrêt maladie y compris pour garder leur enfants et 9% sont en congés. Le droit de retrait a également été exercé par 1% des salariés.
Cette répartition demeure cependant très inégale selon la taille de entreprises. Avec 41% de leurs salariés placés en chômage partiel, les plus petites d’entre elles comptant entre 10 et 19 salariés ont plus fréquemment recours à ce dispositif que les grandes qui comptent 500 salariés ou plus (18% de salariés en activité partielle).
La situation est diamétralement opposée pour le télétravail, lequel est bien plus utilisé dans les grandes structures (29% des salariés) que dans les petites (18%). De la même manière, les arrêts maladie ou garde d’enfants sont plus nombreux dans les grandes entreprises (15% contre 10% dans les petites).
Des disparités selon les secteurs d'activité
Sans surprise, les secteurs de l’hébergement et de la restauration, contraints de fermer leurs établissements, sont ceux qui ont le plus recours au chômage partiel (67% des salariés), devant la construction (49%), la fabrication de matériels de transport (48%) et les autres activités de services (41%). A l’inverse, cette proportion est beaucoup plus faibles dans les activités financières et d’assurance (4%), l’industrie agro-alimentaire (9%) et les secteurs liés à l’énergie, l’eau et la gestion des déchets (10%).
S’agissant du télétravail, il est nettement plus pratiqué dans les secteurs qui peuvent y avoir recours sans que cela ne nuise outre-mesure à la poursuite de leurs activités. C’est le cas de l’information et de la communication (63% des salariés) et des activités financières et d’assurance (55%). Au contraire de l’hébergement-restauration (6%), la construction (12%), l’industrie agro-alimentaire (12%) et les transports (13%).
Autant de différences dans le vécu du confinement qui engendrent de nouvelles inégalités, pointait l’institut Jean Jaurès la semaine dernière. Et pour cause, ce sont souvent ceux qui ont des niveaux de revenus modestes qui sont les plus nombreux à devoir se rendre sur leur lieu de travail, au risque d’être exposé au virus. Ce sont également les plus nombreux à être placés en chômage partiel, et donc à subir une baisse de leurs revenus.
Application des mesures de protection
Pour protéger les collaborateurs présents sur site, les entreprises prennent leurs précautions. 69% des salariés travaillent dans une entreprise où les mesures de distanciation sociale ont été mises en place et 64% travaillent dans une structure ou "la plupart » d’entre eux ont du gel hydroalcoolique à disposition. Ils sont cependant moins nombreuses à se voir proposer des gants (37%) ou des masques (29%).
Là-encore, les mesures de protection sont plus faciles à mettre en oeuvre dans les grandes entreprises que dans les petites. Des inégalités s’observent également en fonction des secteurs d’activité puisque les mêmes mesures de distance et l’usage du gel hydroalcoolique sont moins souvent appliqués pour le salariés de l’hébergement-restauration (28%) et la construction (46%) que dans l’industrie et les transports.
Même chose pour les gants, essentiellement utilisés sur site dans l’industrie agro-alimentaire (60% des salariés), l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale (52%), le commerce (50%) et les secteurs de l’énergie, l’eau et la gestion des déchets (48%). Beaucoup moins en revanche dans l’information et la communication (8%) et dans les activités financières et d’assurance (15%). Quant aux masques, ils sont surtout utilisés dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale (54% des salariés).