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Tableau de bord du déconfinement: couvre-feu aussi pour la croissance

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Après une bonne relance post-confinement puis un ralentissement à la rentrée, l'activité française subit désormais le couvre-feu. Etat des lieux de l'activité économique du pays.

Mais comment et à quel rythme l’économie française redémarre-t-elle après deux mois de mise à l’arrêt forcé pour endiguer l’épidémie de Covid-19 ? C’est ce que nous mesurons chaque semaine dans ce tableau de bord du déconfinement.

Un tableau de bord composé d’une trentaine d’indicateurs existant sur une base hebdomadaire voire quotidienne, qui concernent tous les secteurs de l’industrie, des services, du commerce, qui concernent aussi l’emploi, la confiance des ménages et des entreprises, qui sont publics ou qui nous sont fournis en exclusivité.

L'économie française avait perdu 37% de ses capacités

Rappelons brièvement l’historique : Sur les 37% de capacités perdus au cœur du confinement, la France en a récupéré 27% (les trois quarts) après une reprise en V de 5 semaines, suite au déconfinement du 11 mai. A partir de la mi-juin, la reprise s’est poursuivie, mais à un rythme plus modéré. La France avait retrouvé 93% environ de ses capacités de production habituelles avant les grandes vacances, 95% après.

Où en est l’économie française avant l’extension du couvre-feu à 46 millions de personnes ?

Malgré les mauvais nouveaux sanitaires de la rentrée, la partie de l’économie française qui avait redémarré après le déconfinement (un tiers du PIB environ) a continué globalement sa remontée en puissance jusqu’au déclenchement du couvre-feu.

Du mieux dans le commerce

C’est vrai pour les ventes d’automobiles : on était mi-octobre entre 7000 et 8000 ventes par jour, contre une moyenne de 6000 depuis la rentrée.

C’est vrai pour tous les indicateurs de mobilité : en fin de semaine dernière, explique Google mobility, le trafic pour relier les domiciles aux lieux de travail n’était inférieur que de 7% à son niveau d’avant crise, on était encore à -30% début septembre.

C’est vrai aussi dans la plupart des magasins. Le secteur de l’alimentation reste le plus florissant avec un volume d’activité moyen de +22,8% (par rapport au volume d’activité d’une semaine normale).

Les magasins de vêtements ont retrouvé mi-octobre le rythme d’une semaine normale avant covid. La beauté et la coiffure retrouvent, pour la première fois depuis mi-août, un volume d’activité positif (+4% contre -11% la semaine du 28 septembre), selon les données de la fintech Sum Up.

5% du PIB à risque

C’est vrai aussi pour l’industrie manufacturière, nous disent les indices PMI qui ont enregistré ces dernières semaines une hausse de la production et des commandes.

Enfin tendance ferme aussi sur le marché de l’emploi. Selon la dernière enquête de la Banque Palatine auprès des PME : plus d’entreprises qui comptent recruter que licencier!

Mais la situation est extrêmement contrastée selon les secteurs et les régions. Mistertemp' recense une hausse de 16% de postes à pourvoir dans les petites et moyennes agglomérations contre -22% en grandes métropoles par rapport à 2019. Une baisse considérable notamment dans les secteurs de la restauration et du tourisme, premiers touchés par la crise sanitaire. En revanche les secteurs de la logistique et de l’industrie, présents majoritairement dans les petites et moyennes métropoles, connaissent un très bel essor.

Que change ce couvre-feu qui touche désormais 46 millions d’habitants ?

Sur l’activité, c’est intéressant de regarder ce que disent les commerçants interrogés par Sum Up il y a trois jours: 37% s’estiment prêts à faire face à une deuxième vague de restrictions contre 31% qui ne se sentent pas préparés à appréhender des mesures restrictives supplémentaires. Mais les avis restent partagés puisque 32% des personnes interrogées ne savent pas encore. Donc beaucoup d’incertitudes !

Globalement ce sont 5% du PIB supplémentaires environ qui sont à nouveau à risque: bars, restaurants et spectacles notamment.

Le report des projets d’investissement dépassera probablement pour des raisons de confiance et d’incertitudes sanitaires le périmètre des secteurs directement concernés par le couvre-feu. Et donc le scénario le plus probable devient une stagnation de l’activité au 4e trimestre voire une légère baisse.

Par Emmanuel Lechypre