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Surveillance des salariés en télétravail: entre méfiance et acceptation

Jusqu'où un employeur peut-il aller dans la surveillance de l'internet?

Jusqu'où un employeur peut-il aller dans la surveillance de l'internet? - Stevepb - Pixabay

Un sondage montre que 4 salariés sur 10 acceptent d'être surveillés par leur manager ou leur direction et y voient même des avantages.

La surveillance numérique des salariés n'est pas une nouveauté mais elle a pris une nouvelle dimension avec le recours de plus en plus massif au télétravail.

Selon une étude menée au niveau mondial, les recherches autour des outils de surveillance informatique permettent par exemple de réaliser à distance des captures d'écran aléatoires, d'enregistrer les frappes sur le clavier, de surveiller les messageries instantanées ou encore d'accéder discrètement à la webcam de l'ordinateur du salarié ont clairement bondi pendant le premier confinement.

La requête la plus symptomatique: "Comment surveiller les employés travaillant à domicile" a flambé de 1705% en avril et de 652% en mai.

Une autre étude* de GetApp menée en France montre que 45% des salariés interrogés travaillent dans une entreprise qui utilise des outils de surveillance des employés (essentiellement le contrôle de l'activité sur ordinateur). 20% affirment que cette surveillance a commencé depuis la crise, tendance que l’on peut inscrire dans l’avènement du télétravail.

Infantilisation

Rappelons en effet qu'en France, le salarié doit être prévenu de l'utilisation de ces logiciels. Reste que les salariés ont un sentiment ambigu face à cette surveillance. Si 18% estiment ce contrôle excessif, 40% des employés interrogés déclarent qu'ils s'en accomodent, même s'ils estiment que leur management pourrait leur laisser plus de liberté.

Chez les réfractaires, les principales raisons invoquées sont la perception d’une infantilisation et d’un manque de confiance (41%), une augmentation du stress (48%), la crainte de l’intrusion dans la vie privée (37%), le manque de liberté quant à l’organisation personnelle.

A l'inverse, ceux qui l'acceptent évoquent la sécurité (à travers la vidéosurveillance), une confiance mutuelle grâce aux preuves tangibles que le travail est réalisé (et par là-même jouer en faveur du télétravail), une motivation pour fournir des résultats ou les dépasser, et la prise en compte des heures supplémentaires. Ces répondants affirment donc que la surveillance garantit un climat de confiance. 

26% jugent la surveillance "positive"

L'enjeu, selon l'étude, réside donc "dans une communication transparente. Une politique claire doit être présentée: celle-ci devrait exposer les mesures prises et les résultats que l’on souhaite obtenir par cette voie. Les pratiques de surveillance ne devraient en outre pas être “gravées dans le marbre” et, au contraire, être révisées plusieurs fois par an afin d’en évaluer la pertinence et l’impact sur les salariés. Sans cela, les effectifs risquent d’imaginer “le pire” et de rejeter l’idée en bloc".

Au final, la surveillance des salariés est perçue comme "plutôt positive" par 26% des répondants et comme “plutôt négative” par 28% des répondants, 29% d’entre eux s’avouent indécis sur la question, "signe que la surveillance a, non seulement besoin d’être implémentée de manière judicieuse, mais doit également être expliquée, en ne laissant que peu de place à l’interprétation".

*: GetApp a interrogé 1418 professionnels répartis en 1 09 employés (postes intermédiaires et middle management) et 269 profils seniors et de direction. Le sondage a été mené du 13 au 17 novembre 2020. Les répondants devaient être âgés de plus de 18 ans, résider en France, et leur situation professionnelle devait être active.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business