La pépite du sous-vêtement Solendro en crise à cause de différends entre dirigeants et actionnaires

Solendro - Solendro
"Un véritable putsch". Voici comment Matthieu Géhin, cofondateur de Solendro, résume la situation très tendue entre les actuels dirigeants du site de e-commerce de sous-vêtements masculins, et les deux fonds actionnaires, le français Breega et le belge Internet Attitude (IA).
Entrés respectivement en 2014 et 2016, les deux fonds entendaient changer de direction, visiblement échaudés par les résultats de l'entreprise qui a affiché un chiffre d'affaires de 6,5 millions d'euros en 2019. "En dessous des 9,2 millions d'euros" sur lesquels ils tablaient lors de leur entrée au capital, résume Matthieu Géhin, invité sur Good Morning Business, ce mardi.
Devenus majoritaires (grâce à deux autres actionnaire individuels eux aussi contestés), les deux fonds possèdent désormais 51,63% et ont révoqué les mandats des deux fondateurs. "Il y a des accords, des statuts, des pactes d'associés" se défend Matthieu Géhin. "On a en France des fonds qui pensent qu'à partir du moment où ils arrivent à réunir collectivement plus de 50% des actions, cela les affranchit de respecter leurs accords voire les décisions de justice."
Et d'assurer: "On a dénombré 21 infractions". Les deux fonds auraient même "cherché à prendre le contrôle par la force de nos locaux", assure Matthieu Géhin qui précise que la "police a été forcée d'intervenir"
"Diffamation"
"C'est de la diffamation" s'étrangle François Paulus, le représentant de Breega (qui avait notamment accompagné Foodchéri avant son rachat par Sodexo) au sein de l'entreprise. Pour le fonds d'investissement, le psychodrame chez Solendro est finalement une histoire classique: après 8 ans d'existence, le groupe ne gagne toujours pas d'argent et "stagnait", même si le confinement a boosté temporairement les ventes.
Le duo de dirigeants, Matthieu Géhin et Jules Delmas, avaient ainsi atteint leur "plateau de compétences" et les actionnaires souhaitent leur adjoindre une tierce personne, un senior, pour passer un cap. Un coup d'Etat pour se débarrasser des fondateurs? Breega s'en défend. "Après nous avoir fait croire qu'ils acceptaient d'être aidés, ils ont en fait organisé en parallèle une tentative de prise de contrôle du conseil d'administration pour se rendre non révocables."
Dès lors, la situation s'envenime au rythme d'assemblées générales controversées, de révocations d'administrateurs contestées et de lettres d'avocats menaçantes. Qui dirige actuellement l'entreprise? Les deux camps s'opposent sur la question.
Plainte pour tentative d'escroquerie
Une situation devenue un véritable serpent de mer où même les principaux intéressés peinent à s'y retrouver. C'est d'ailleurs la justice qui tranchera sur plusieurs fronts dont un au pénal: une plainte pour tentative d'escroquerie a été déposée par les deux fondateurs.
Au-delà de cette guerre intestine, c'est finalement l'avenir de Solendro qui s'affiche en pointillés. Le spécialiste du sous-vêtement survivra-t-il à cette crise? Toutes les parties l'espèrent mais la situation reste intenable.
*Contacté, le fonds Internet Attitude n'a pas souhaité communiquer "à ce stade"