Liban: l'ONU prévient que "le PIB va se contracter de 9,2%, si le conflit perdure"

Si le conflit se poursuivait jusqu'à la fin de l'année, le PIB libanais se contracterait de 9.2%, prévient le Programme des nations unies pour le développement.
"Ce sont les services de base qui s'effondrent, le système de transport, la production d'électricité", explique Achim Steiner, administrateur de l’agence onusienne.
A cela s’ajoute une destruction d’ampleur des terres agricoles et une baisse drastique du tourisme.
Désormais, selon Achim Steiner, le pays "lutte" pour "simplement faire face aux effets immédiats des bombardements, des déplacements et de la destruction des infrastructures".
L’économie libanaise commençait à peine à se relever après s’être écroulée entre 2018 et 2021. 80% de la population avait alors été poussée dans la pauvreté et la livre libanaise avait perdu 96% de sa valeur. Mais la situation s’était depuis améliorée et juste avant la guerre, les Nations Unies tablaient sur une croissance de 3,6% pour 2024. Des perspectives aujourd’hui compromises.
Sous la pression du conflit, le chômage pourrait atteindre les 32% cette année.
Le Liban a "besoin d'être soutenu par la communauté internationale"
Le Fonds monétaire international encourage "les amis du Liban à faire des dons" pour soutenir le pays.
Hier, à défaut d'avancées diplomatiques, la conférence, initiée par Emmanuel Macron et réunissant 70 pays, a permis de récolter un milliard de dollars pour la population libanaise et son armée.
C'est deux fois plus que l'objectif fixé par la France, qui s’engage à débloquer 100 millions d’euros. Le pays reste le principal investisseur étranger au Liban.
Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères appelle une nouvelle fois à une cessation des hostilités.
"Cette guerre menace la cohésion même de ce pays, déjà profondément fragilisé ces dernières années par une succession inouïe de crises politiques et économiques, ce sont quinze années de croissance au Liban qui ont été effacées." a-t-il déclaré.
Le risque aujourd’hui c’est que la crise économique se transforme en crise politique et sociale.
L’économie régionale affectée
Le FMI a revu à la baisse ses prévisions pour toute l’ensemble de la région - moins 0,6 point par rapport à ses dernières estimations publiées en avril. Principale économie affectée, celle de Gaza qui a été complément asphyxiée. Le PIB de l’enclave palestinienne a chuté de 81% au cours du dernier trimestre 2023, juste après le début de la guerre.
L'Egypte, de son côté, est confrontée à une baisse de 70% des revenus issus du canal de Suez, soit un manque à gagner de 6 à 7 milliards de dollars. La Jordanie, tout comme le Liban, souffre d’une baisse drastique du tourisme.
Pays particulièrement touchée, la Syrie, mais le FMI, qui n'a plus publié d'analyse sur le pays depuis 15 ans, "ne dispose pas des données nécessaires" pour avoir une idée précise de l'impact, expliqué Jihad Azour, son directeur régional.