« La réhabilitation est la voie qui mène à la durabilité d’un bâtiment »

Le secteur de la construction est un gros consommateur de carbone. Aujourd’hui, il n’est plus possible d’être architecte sans porter attention à l’éco-conception des bâtiments ?
Les architectes sont, par essence, sensibilisés à ce sujet. L’éco-conception n’est pas une notion nouvelle. Chez DTACC, nous la maîtrisons d’ailleurs particulièrement bien. Rappelons que notre activité se concentre à 95 % sur de la restructuration (réhabilitation) de bâtiments existants. Le fait de donner de la durabilité dans le temps à un édifice existant, plutôt que de consommer et de produire de nouveaux bâtiments, est en soi une démarche éco-responsable et répond aux enjeux actuels. Les ressources de la planète ne sont pas infinies. D’où tout l’intérêt d’utiliser l’existant, de profiter du « déjà-là »plutôt que de faire du neuf. L’éco-conception dans le choix des matériaux (démontables, réutilisables, recyclables) complète le propos et la démarche.
Quelle est l’économie carbone que la réhabilitation permet de réaliser ?
Un projet de réhabilitation possède un bilan carbone de 30 à 40 % inférieur à celui d’un projet neuf. En effet, une telle réalisation va permettre de conserver la majeure partie de la structure du bâtiment. Il faut savoir que le poste « gros œuvre » (ou béton/structure) consomme le plus de CO2 dans l’acte de construction.
La prise de conscience est-elle généralisée à l’ensemble des acteurs de l’immobilier ?
C’est bien le cas. Elle concerne la quasi-totalité des acteurs de l’immobilier. Le Covid a accéléré cette prise de conscience. Mais comme pour tout mouvement de fond, certains sont plus agiles que d’autres. Aujourd’hui, si l’on parle des investisseurs immobiliers, tous nos clients ont mis en place des politiques RSE, de décarbonation. Mais ces dernières sont appliquées à différents degrés. Pour l’instant, c’est souvent l’équation économique qui prime. Il y a donc un nouveau modèle à inventer pour assurer à la fois la performance économique et les exigences en matière de développement durable. Il ne peut plus en être autrement. C’est pourquoi, nous emmenons et accompagnons tous nos clients dans cette direction.
Vous mettez en avant une notion que vous avez créée : la « Poéthique Urbaine ». Comment la définissez-vous ?
Le choix des matériaux durables, des bonnes techniques, les démarches de développement durable sont des éléments qui contribuent à une éthique indispensable dans l’acte de construire pour les générations futures. Néanmoins, un architecte n’est pas uniquement un constructeur. Notre travail possède une part scientifique, une part artistique, une part sociologique, une part psychologique et une part poétique (sans la lettre H) parce qu’un bâtiment est un art visible et habitable que les gens voient et vivent, qu’ils pratiquent au quotidien et sur le long terme. Nos œuvres doivent avoir du sens en plus de l’usage, de la mémoire en plus de la matière et de la poésie en plus du discours architectural.
La poésie s’exprime de différentes manières : une attention au détail, le rapport à la nature, à la lumière, à l’air, la conservation de la mémoire du lieu, l’intégration au quartier, la portée écologique de l’édifice… et la liste est longue. C’est de la fusion d’une éthique nécessaire et d’une poésie indispensable que naissent les projets pérennes et les bâtiments durables. D’où la notion de « Poéthique Urbaine » qui guide, au quotidien, notre activité.
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