La Mutuelle Mip prend un virage stratégique
Comment se porte le secteur de la santé ?
À vrai dire, les Français ne vont pas très bien. La Covid a bien sûr eu des conséquences pathologiques importantes, par la pandémie elle-même, mais aussi par les complications et les renoncements aux soins qu’elle a provoqués. Mais les conséquences vont plus loin : nous observons les Français, dans toutes les tranches d’âge, se replier sur eux-mêmes. Moins de liens, moins de rapport à l’extérieur, plus de repli sur son domicile et ses habitudes, plus d’isolement. Pour moi, nous n’avons pas encore perçu tous les impacts de cette crise sur la santé des Français, et surtout sur leur santé psychologique.
Quant au système de santé, il est bien sûr en crise. Les hôpitaux sont en souffrance, et font face à de grandes difficultés de recrutement. Par ailleurs l’accès aux soins reste difficile malgré l’essor de la téléconsultation, puisque de larges zones françaises sont aujourd’hui des déserts médicaux.
Face à ce contexte difficile, une menace structurelle semble se dessiner, portée par le projet de la « Grande Sécu ». Elle a d’abord été évoquée lors du premier mandat d’Emmanuel Macron et pourrait donc toujours être d’actualité malgré les annonces contraires lors de la campagne. L’objectif serait de regrouper l’ensemble des complémentaires santé et de les fusionner avec la Sécurité sociale pour constituer un seul organisme apte à rembourser l’intégralité des dépenses de santé.
En quoi ce projet risque-t-il de perturber le secteur ?
C’est un projet pharaonique ! Il demanderait des travaux immenses et donc des coûts très élevés, pour des résultats à long terme et incertains. De plus, il ne répond pas aux deux problématiques évoquées plus haut, à savoir l’état de santé des Français, et les difficultés qui pénalisent notre système de santé. Il s’agit toutefois selon nous des deux grands sujets à traiter en priorité.
Les Français sont pourtant très attachés au système actuel Sécurité sociale / complémentaire santé, tout comme les entreprises, à qui il apporte la souplesse de construire un régime adapté par le dialogue social. Or, le projet de la « Grande sécu » menace ce fonctionnement, et donc l’activité même des complémentaires santé et des dizaines de milliers de personnes qui y travaillent.
Qu’en est-il de l’état du monde de l’assurance ?
Il est très tendu. Durant la crise sanitaire, il y a eu une baisse des dépenses des frais de santé, dont on a beaucoup parlé. Il était normal qu’on observe donc un rattrapage de ces dépenses sur 2021 et 2022. Cependant, le niveau de dépenses actuel dépasse largement un simple phénomène de rattrapage, et se maintient à un niveau très haut, notamment suite à l’impact de la réforme du 100 % santé.
Le phénomène dépasse les prévisions du secteur et le comportement habituel des dépenses de frais de santé, et provoque un fort déséquilibre sur les modèles et les contrats. À ce contexte particulier s’ajoute une difficulté supplémentaire : le nombre d’arrêts de travail ne cesse de grimper lui aussi. Il était même plus important en 2021 qu’en 2020, et continue à croître en 2022.
Face à cette situation défavorable, de fortes augmentations tarifaires sont à craindre d’ici la fin de l’année. Toutefois, les entreprises comme les particuliers, pour certains encore impactés par la crise, ne sont pas prêts à faire face à ces dépenses supplémentaires. L’arrivée prochaine de ces majorations, rendues nécessaires par la hausse des dépenses, s’annonce donc difficile. C’est dans une période de crise comme celle-là que le modèle mutualiste montre toute sa force.
Quelle est justement la valeur ajoutée d’un modèle mutualiste ?
La Mip est une mutuelle, donc à but non lucratif : nous ne rémunérons pas d’actionnariat, et nos réserves sont dédiées à l’accompagnement de nos adhérents. L’accompagnement, c’est à mon sens ce que recherchent précisément les Français en ces temps compliqués. Au-delà d’un simple remboursement de leurs soins, ils veulent ainsi trouver du soutien face aux difficultés de santé qu’ils peuvent rencontrer.
Tous les acteurs de la santé l’ont bien compris, et renforcent leurs efforts pour apporter services et accompagnement à leurs adhérents. Je suis convaincu que le monde de la Mutualité, par sa proximité et sa forte dimension sociale, a un rôle clé à jouer aux côtés des Français dans les années à venir.
À ce titre, quels sont les changements portés par la nouvelle identité de la Mip ?
Il s’agit avant tout de nous repositionner sur le marché en tant que mutuelle spécialiste du collectif, notre métier historique. Cela passe à la fois par une refonte complète de notre offre, et une réactivation de nos différents canaux de distribution.
Côté offre, nous rénovons entièrement notre gamme standard, destinée aux particuliers, aux travailleurs non-salariés (TNS) et aux TPE. Nous nous dotons aussi d’un outil de tarification simple et rapide pour les entreprises de 50 à 300 salariés, et renforçons notre équipe technique pour les tarifications 100 % sur mesure, pour les entreprises de plus de 300 personnes.
En parallèle, nous enrichissons aussi notre offre de services, afin de toujours mieux accompagner nos adhérents. Ainsi, nous proposons systématiquement la téléconsultation et le 2ème avis médical, et allons continuer à apporter de nouveaux services à nos clients et nos adhérents.
Notre virage stratégique passe également par une reconnexion au marché, à travers une refonte de nos canaux de distribution :
- Le canal direct : notre canal historique, par lequel nous continuons à accompagner nos clients historiques du secteur de l’énergie et du pétrole ;
- Les courtiers locaux : nous reconstituons notre réseau de courtiers, à qui nous proposons de distribuer nos offres standards, aujourd’hui rénovées. Un outil digital d’aide à la vente leur apporte ainsi une grande autonomie dans la tarification et la vente ;
- Les grands courtiers : nous avons repris contact avec le grand courtage, qui nous a très bien accueillis. Notre réactivité et notre professionnalisme, ainsi que la capacité à proposer une alternative aux grands porteurs de risque, les ont rapidement séduits et nous ont permis de concrétiser de nouvelles affaires dès 2021 ;
- AG2R LA MONDIALE : notre partenariat de développement vise à constituer ensemble un Pôle Énergie, regroupant des entreprises clientes dans une logique affinitaire.
Ce virage stratégique, entamé l’année dernière, porte déjà ses fruits. Nous affichons ainsi une croissance de 4,6 % des cotisations en 2021, et la croissance se poursuit en 2022.
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