L’ANDPC, organisme clé de la formation continue des professionnels de santé

Dans quel cadre doit-on placer l’obligation de développement professionnel continu à laquelle les professionnels de santé sont astreints ?
Tous les 10 ans, environ 25 % des connaissances acquises en formation initiale deviennent obsolètes. La formation continue est d’abord, pour le professionnel de santé, une obligation déontologique, qui existe depuis des années. La mise en place du développement professionnel continu (DPC) a voulu répondre à des enjeux très spécifiques : la nécessité d’inclure, au-delà de l’obligation de formation, des démarches d’évaluation de pratiques, destinées à en évaluer la pertinence, et de gestion des risques. Le DPC impose la nécessité que cette formation soit validée scientifiquement et préservée des liens d’intérêts avec les industries pharmaceutiques. Enfin, il réaffirme l’importance pour les professionnels de se former sur des enjeux de santé publique.
Ce n’était pas le cas ?
En France, l’univers de la formation (au-delà du seul secteur de la santé) est une jungle remplie d’organismes dont certains ne brillent ni par leur qualité, ni par leur sérieux. L’Agence nationale du DPC effectue des contrôles afin que les organismes proposent aux soignants une offre évaluée et scientifiquement valide, ce qui est primordial quand il s’agit d’enjeux de santé publique. Dans cette optique, nous avons évacué toutes les formations autour des thérapeutiques non-conventionnelles (acupuncture, naturopathie, hypnose...). Nous avons notamment signé une convention avec la Miviludes, la mission de lutte contre les dérives sectaires : 20 % des signalements reçus par la Miviludes concernent le champ de la santé, dont 70 % relèvent de pratiques de thérapies non-conventionnelles. Nous avons également mis en place un plan de lutte contre la fraude financière de certains organismes et obtenu des condamnations pénales.
L’ANDPC agit dans trois domaines principaux : agréer les organismes DPC, contrôler les actions menées dans ce cadre et financer le DPC pour les professionnels de santé libéraux. Sur quels objectifs avez-vous rencontré le plus de succès ?
Dans le milieu libéral, ces trois objectifs ont été couronnés de succès. L’offre de formation est, aujourd’hui, entièrement contrôlée à plusieurs niveaux, à la fois par nos services et par des commissions scientifiques indépendantes composées de professionnels de santé. Dans son rapport de septembre 2024, la Cour des comptes salue un « mode de régulation ambitieux, bienvenu au regard des exigences attendues de la gestion des deniers publics ». D’autre part, nous agréons des organismes sur la base de critères plus exigeants de la certification Qualiopi octroyée par l’Etat. C’est ce niveau d’exigence qui permet de proposer aux professionnels de santé une offre de qualité et in fine aux patients d’être pris en charge par des soignants formés selon les dernières recommandations de bonnes pratiques.
Le financement permet notamment aux soignants libéraux, comme les médecins généralistes en cabinet, de se former sans perte de revenu. C’est un incitatif fort qui n’existe qu’en France. Le défi pour l’agence est de financer tous les programmes de DPC validés et réalisés et de prendre en charge tous les apprenants éligibles ayant réalisé leur DPC, dans une enveloppe budgétaire contrainte. A ce titre, nous avons réussi à atteindre un réel équilibre (pour une enveloppe de 200 millions à 250 millions d’euros par an), tout en finançant un nombre important de professionnels de santé. Le résultat en 8 années d’existence, c’est près de 2 millions d’inscriptions de professionnels de santé à une action de DPC validée, avec sans doute un nouveau record d’inscriptions pour 2024.
C’est vrai du secteur libéral, mais qu’en est-il des praticiens hospitaliers ?
Il existe, bien évidemment, des axes d’amélioration, et nous devons pousser la dynamique auprès des praticiens hospitaliers et l’ensemble des professionnels salariés, pour lequel nous ne sommes pas financeurs. Nous recevons de la part des organismes collecteurs des données parcellaires ne permettant pas de connaître la part des soignants hospitaliers ayant satisfait à leur obligation de DPC. Nous travaillons actuellement, avec les fédérations de l’hospitalisation privée ou publique, à améliorer la diffusion du DPC en milieu hospitalier et à fluidifier les process et les interfaces. C’est pour nous un objectif majeur.
Parmi vos autres priorités ?
Au-delà du contrôle, nous sommes en train d’étoffer l’accompagnement des acteurs. Je vise en particulier les organismes de DPC, auxquels nous fournissons méthode, outils, exigences… Nous avons également un enjeu fort en matière de communication et de promotion, notamment envers les acteurs de terrain. Nous sommes donc dans l’obligation de trouver des relais. Cela peut être les syndicats représentatifs des professionnels, mais aussi tous les réseaux régionaux regroupant des professionnels de santé. L’Etat a souhaité désormais aller plus loin pour les sept professions disposant d’un ordre professionnel et proposer une démarche de certification périodique incluant la relation avec le patient et l’attention à la santé du professionnel : le DPC y prendra toute sa place.
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