Bâtiment destinés aux professionnels : les enjeux du marché et des évolutions du travail

Le marché du bâtiment est en perpétuelle évolution. C’est d’autant plus vrai dans le secteur du bâtiment industriel et tertiaire, qui doit composer avec des contraintes réglementaires, économiques et politiques. Il est aussi impacté par l’évolution de notre mode de travail. Dans cet article, Ghislain Bastard, résident directeur général des sociétés Kubic et Carré Construction, revient pour nous sur les enjeux et les tendances de son secteur d’activité.

Pouvez-vous vous présenter votre activité en quelques mots ?

Je suis à la tête de deux structures, Kubic (aux côtés de mon épouse) et Carré Construction (aux côtés de mon associé Quentin Ravera), respectivement créées en 2014 et 2019.

• Kubic est un agenceur spécialisé dans l’agencement, l’architecture d’intérieur et principalement axé sur la rénovation et la réhabilitation ; en format corps d’état séparés ou clés en mains mais également positionné sur la création de concept pour le retail, l’hôtellerie…
• Carré Construction intervient comme promoteur contractant général, en se concentrant sur des projets de promotion et de construction neuve, le tout exclusivement dans un format clés en mains.

Ces deux entreprises sont exclusivement dédiées aux projets professionnels. Nous travaillons dans le secteur de l’immobilier d’entreprise, la création de sièges sociaux, de plateaux de bureaux, ainsi que dans le tertiaire, l’hôtellerie, les concessions automobiles et l’industrie…

Quels sont, selon vous, les principaux enjeux de votre secteur d’activité ?

Les enjeux actuels résident dans la rationalisation au mètre carré, influencée par plusieurs facteurs. Le principal est le coût. La flambée des prix des matériaux, amplifiée par la crise énergétique, la guerre en Ukraine et la Covid-19, a provoqué une importante spéculation. Bien que certains prix se stabilisent, les coûts de nombreux matériaux restent à des niveaux élevés. Il est peu probable qu’ils baissent à court terme. Le marché doit donc absorber cette augmentation, ce qui impacte le coût au mètre carré.

En parallèle, la Covid-19 a transformé l’organisation des espaces de travail, notamment avec l’adoption massive du télétravail, impactant la gestion des mètres carrés. Avant la pandémie, les entreprises concevaient par exemple leurs locaux pour 100 postes. Or, aujourd’hui, un projet de ce type devrait être corrigé pour n’accueillir que 70 à 75 postes quotidiennement. D’où l’importance d’avoir une approche rationalisée techniquement et économiquement dès le début du projet.

La cohérence entre les aspects économiques, techniques et opérationnels est essentielle. Les partenaires et maîtres d’œuvre doivent collaborer efficacement pour concevoir des bâtiments fonctionnels, répondant aux attentes des clients, tout en respectant les contraintes budgétaires et économiques.

Comment percevez-vous les tendances du secteur du bâtiment ?

Le secteur du bâtiment est soumis à de nombreuses variations, notamment en ce qui concerne les matériaux et les énergies. La formule du XIXe siècle de Martin Nadaud, "Quand le bâtiment va, tout va", illustre l’importance de ce secteur qui est un fort vecteur d’activité économique et d’emplois directs ou indirects. Il est à la fois massif et fortement influencé par les décisions politiques, l’économie et les fluctuations de la bourse.

Il est donc crucial de simplifier l’accès à ces emplois en proposant des formations diplômantes, de travailler autant que faire se peut sur des circuits courts d’approvisionnement, ainsi que d’accélérer les processus d’obtention et de réalisation des projets de construction. Cela implique une refonte complète des procédures à plusieurs niveaux de l’État, incluant les collectivités locales et l’urbanisme, afin de réduire les délais d’instruction en règle générale et proposer une productivité de la nation plus efficiente.

D’après vous, quelles sont les évolutions du marché du bâtiment ?

La population est en constante croissante, il faudra donc trouver des solutions pour trouver des réponses adaptées aux besoins et au contexte économique. Par ailleurs, nous observons aussi un partage des espaces. Cette tendance pousse les entreprises à se regrouper dans des bâtiments plus vastes et plus durables. Ainsi, plusieurs acteurs portent le risque financier d’une opération, tandis qu’auparavant, chaque entreprise tentait à posséder son propre bâtiment.

Le monde du travail a évolué depuis la pandémie de Covid. Quel changement avez-vous remarqué dans les besoins de vos clients ?

Le bien-être au travail est devenu un aspect essentiel dans la conception des espaces professionnels. Cette question est quasiment systématique dans tous les projets. Il est rare qu’un chef d’entreprise me demande de construire ou rénover un bâtiment sans intégrer un espace détente, tant pour les collaborateurs que pour les clients. C’est une demande qui était marginale par le passé et qui devient systématique.

Le sport a également pris une place majeure dans les environnements de travail. L’impact des Jeux olympiques et paralympiques pourrait d’ailleurs renforcer cette demande. De plus en plus d’entreprises souhaitent investir dans des installations sportives, même dans des bureaux. Aujourd’hui, il est courant de voir des employés profiter de leur pause pour courir quelques kilomètres, puis revenir au travail après s’être douchés, ce qui améliore leur disponibilité pour l’après-midi. Il faut donc penser des infrastructures compatibles avec ce genre de demande dans les projets (vestiaires, douches…).

Enfin, les infrastructures telles que des parkings à vélos, des bornes de recharge électrique pour les vélos et les véhicules, sont également de plus en plus demandées. Ces équipements sont en phase avec les préoccupations actuelles et s’inscrivent dans une démarche cohérente avec les besoins modernes.

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