Le marché du smartphone reconditionné : comment réinjecter dans l’économie l’or qui dort dans nos tiroirs…
Qu’en est-il du marché du smartphone reconditionné au niveau mondial et en France ?
Au niveau mondial, le marché du reconditionné représentera en 2023 plus de 330 millions de smartphones, valorisés entre 60 et 70 milliards d’euros. Aujourd’hui, il se vend dans le monde 1,4 milliard de portables neufs chaque année.
En France en 2020, il s’est vendu 3,5 millions de smartphones reconditionnés et 20 millions de mobiles neufs.
Chaque année, le marché du reconditionné augmente de 15 à 20 % et cela pour 2 raisons :
· L’intérêt économique de 80 % des consommateurs qui achètent des produits reconditionnés car ils y trouvent un bénéfice financier ;
· Pour les 20 % des consommateurs restants, c’est pour des raisons écologiques qu’ils choisissent un smartphone reconditionné.
Il est à noter qu’il y a 2 ans, ce ratio était de 95 % versus 5 %.
Du fait de la mouvance du marché, les consommateurs deviennent plus responsables, avec une volonté accrue d'acheter des produits reconditionnés pour les raisons économiques et écologiques, par analogie avec les achats et reventes des vêtements d’occasion.
Qu’en est-il de l’innovation technologique si les consommateurs n’achètent plus sur le marché du neuf ?
Sur ce marché en plein essor, il existe de nombreuses plateformes qui militent pour le fait qu’il ne faut acheter que du reconditionné. CompaRecycle n’est pas de cet avis : il estime nécessaire que des mobiles neufs arrivent sur le marché. Chaque portable neuf acheté alimentera, 24 ou 36 mois plus tard, le marché du reconditionné. Sans innovation technologique, le marché du smartphone risque de se tarir.
L‘objectif est donc d’orchestrer tout ce marché, en lien avec les constructeurs de mobiles, les enseignes de vente, les opérateurs et les consommateurs, dans un cercle vertueux où la revente locale alimentera le marché du reconditionné. CompaRecycle travaille dans ce but avec une cinquantaine de partenaires écoresponsables, qui rachètent au meilleur prix les anciens portables et qui les reconditionnent de manière sécurisée pour l’effacement des données.
Qu’en est-il de la volonté des consommateurs ?
70 % des consommateurs sont prêts à acheter un mobile reconditionné, pourtant il n'y en a que 7 % qui revendent leur ancien mobile… La conséquence est que 2 smartphones sur 3 sont importés déjà reconditionnés des USA ou de Chine, alors que l’on dispose de 130 millions de smartphones à reconditionner dans nos tiroirs.
Sur les 20 millions de mobiles neufs achetés chaque année, la moitié finira dans nos tiroirs au bout d’un an et viendra grossir le nombre des 130 millions de smartphones qui y dorment déjà…
Pourtant, 80 % des mobiles non revendus sont fonctionnels. Et sur ces 130 millions de mobiles dans les tiroirs, 50 à 60 millions sont valorisables. Le prix moyen de reprise d'un mobile aujourd'hui est de 110 € - 120 €. Si tout le monde revendait les smartphones de ses tiroirs, cela permettrait de réinjecter dans l'économie 7 milliards d’euros pour alimenter ce marché du reconditionné !
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le fait de faire reprendre nos anciens smartphones peut faire du bien à la planète ?
La quantité de matières premières, métaux et minerais rares (lithium, scandium, cobalt…), nécessaire à la fabrication de nos smartphones et restant dans nos mines d’extraction a dépassé un seuil d’alerte critique quant aux ressources planétaires encore disponibles. La crise des semi-conducteurs que l’on vit actuellement intervient dans ce contexte.
Il y a aujourd’hui plus de métaux rares dans le fond de nos tiroirs que dans les mines d’extraction !
De quels leviers disposez-vous pour favoriser l’alimentation du marché de la reprise d’anciens mobiles ?
CompaRecycle a encore du mal à se faire entendre par les pouvoirs publics face à des grands groupes du marché du reconditionné. La favorisation des bonus écologiques gouvernementaux, à l’exemple d’Orange qui le finance sur ses fonds propres via 2 opérations promotionnelles par an, serait un bon début.
Il y a une véritable urgence à recycler ses anciens mobiles ; il existe aujourd’hui deux principaux freins à la reprise de son ancien smartphone.
· Le consommateur pense que, si son nouveau mobile se casse, il réutilisera l’ancien donc il le garde. En fait, si son téléphone se casse, soit il le fait réparer, soit il en achète un nouveau, mais il ne réutilisera jamais son ancien mobile…
· L’utilisateur possède beaucoup de données stockées à l’intérieur (photos, codes de carte bancaire…) qu’il ne sait pas transférer et qui risquent d’être piratées s’il le revend en l’état.
CompaRecycle ne travaille qu’avec des partenaires qui garantissent la suppression définitive des données de votre smartphone grâce à des logiciels d’effacement de données professionnels, avec lesquelles les données sont éradiquées avec un numéro unique de certification.
La problématique est donc de pouvoir alimenter ce marché du reconditionné par la revente des anciens mobiles de nos tiroirs…
Le marché du reconditionnement n’existe pas s’il n’y a pas de reprise !
Il y a encore beaucoup de lobbying ciblé sur le smartphone à faire au niveau gouvernemental, parce que s'il y a 60 % des consommateurs qui veulent acheter un produit reconditionné, il y en a 70 % qui ne savent même pas que l'on peut le revendre…
CompaRecycle aimerait orchestrer la mise en place de bonus incitatifs à la reprise de la part des constructeurs : si un utilisateur pouvait revendre son ancien mobile et acheter le nouveau modèle de smartphone, avec un bonus équivalent au montant de reprise de son ancien téléphone, il changerait sans doute de portable plus souvent ! Pour relancer la consommation, le gouvernement devrait par ailleurs créer des primes incitatives à développer sur 3 niveaux :
· Au niveau des enseignes : elles pourraient donner des bons d’achat en échange de la reprise d’un smartphone ;
· Au niveau de la marque : une prime de reprise pour l’achat d’un nouveau modèle (Samsung, Apple etc.) ;
· Une prime gouvernementale, comme celle qui a existé sur la mise à la casse des vieux véhicules polluants.
Aujourd'hui 10 000 à 15 000 personnes travaillent dans la filière de reconditionnement, mais on pourrait atteindre 40 000 à 45 000 personnes avec la croissance exponentielle du marché.
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