Pourquoi les producteurs français de compote veulent augmenter les prix

Les cours des pommes ont bondi - Joel Saget - AFP
Mauvaise année pour les producteurs français de pommes. Victimes des conditions climatiques, les récoltes ont chuté de 18% cette année, et même de 30% pour la golden, rapportent Les Echos ce jeudi. Contacté par BFM Business, Josselin Saint-Raymond, délégué général de l’AFIDEM, l'interprofession des fruits transformés, évoque "un hiver extrêmement doux qui a entraîné une floraison beaucoup moins bonne et donc moins de fruits" ainsi qu’"une canicule et une sécheresse extrêmement tardives".
Sans parler de pénurie, il décrit une situation marquée par une "plus faible disponibilité des pommes" qui a conduit "à une forte augmentation des cours de l’ordre de 60% pour la golden et de 50% pour les autres variétés". Or, la golden est la plus utilisée par les industriels car elle permet à la compote d'avoir des couleurs plus claires.
"Joindre l'acte à la parole"
Dans ces conditions, les producteurs de compote qui ont payé plus cher leur matière première veulent augmenter leurs tarifs auprès des distributeurs. "Mais au moment où les négociations commerciales s’ouvrent, on a des distributeurs qui sont loin d’avoir un discours positif et qui refusent toute hausse sur les prix de la compote, voire demandent une baisse", explique Josselin Saint-Raymond.
Pour compenser la hausse des cours, il suffirait que les distributeurs acceptent de payer "entre un et deux centimes" supplémentaires sur chaque pack de compote acheté aux industriels, détaille le délégué général de l’AFIDEM. Et d’ajouter: "Tous les distributeurs français sont en train de communiquer pour dire qu’ils soutiennent la production française, ce qui est vrai pour la pomme en frais, mais pas pour la compote. Donc aujourd’hui, on appelle les distributeurs à la responsabilité, à joindre l’acte à la parole".
Demande de produits locaux
Incités par distributeurs à acheter des pommes à l’étranger, notamment en Pologne, pour réduire les coûts, Josselin Saint-Raymond juge cette demande "inacceptable".
"Il y a une demande des citoyens d’accéder à un produit plus local, plus qualitatif. (…) L’objectif c’est donc qu’il y ait le moins possible de produits importés. Et il n’y a pas de nécessité d’augmenter les volumes de produits importés mais plutôt d’aller chercher une pomme qui coûte plus cher", affirme-t-il.
Selon lui, la filière a aujourd’hui "besoin que l’engagement des distributeurs" à promouvoir le Made in France porte "sur toutes les pommes achetées, y compris le produit transformé en compote acheté aux industriels". Il appelle la grande distribution à "la cohérence entre l’engagement pris lors des Etats généraux de l’Alimentation, avec le ministre de l’Agriculture il y a encore dix jours, dans les spots publicitaires et la réalité des actes d’achats". "Si le producteur et le transformateur ont contractualisé positivement mais que le distributeur n’entend pas cela, c’est toute la pyramide qui tombe", conclut Josselin Saint-Raymond.