Pourquoi la SNCF remet en question la tarification du TGV, inspirée du monde aérien

"Dans les années 1990, avec l'essor du TGV, nous avons mis fin à la tarification kilométrique, pour nous inspirer du modèle aérien en faisant évoluer nos prix en fonction d'algorithmes qui étudient l'offre et la demande" explique le président de la SNCF. - Eric Piermont
Le patron de la SNCF est prêt ouvrir le chantier de la tarification du TGV, sujet récurrent de mécontentement des voyageurs et de leurs associations. "L'image ne reflète pas la réalité, la perception c'est que le TGV est cher et c'est un problème" reconnaît Jean-Pierre Farandou dans un entretien aux quotidien Les Echos.
Il met en particulier le doigt sur le problème spécifique des départs les jours de pointe.
"Une partie de notre clientèle qui achète ses billets au dernier moment les jours de grands départs n'a pas accès à nos meilleurs tarifs. Nous devons réfléchir à une évolution de notre politique tarifaire, plus simple."
En mettant fin à la tarification kilométrique comme unique base du prix des billets il y a près plus de 25 ans, la SNCF, explique-t-il, s'est inspirée "du modèle aérien" en faisant aussi évoluer "ses prix en fonction d'algorithmes qui étudient l'offre et la demande", principe que le patron de l'entreprise publique entend donc remettre en cause.
Une tarification déroutante pour le voyageur des TGV
"Nous devons imaginer un nouveau mode de tarification, plus lisible" affirme Jean-Pierre Farandou.
La tarification actuelle (qui reste dépendante en partie du kilométrage parcouru) aboutit au fait que le voyageur paie son billet de plus en plus cher au fur et à mesure que le jour et l’heure de son départ approche. Les quotas de billets les moins chers sont d'abord vendus, puis viennent ceux de la catégorie supérieure, jusqu'aux tarifs les plus élevés.
Mais la tarification réelle est plus complexe, variant aussi selon la demande. Des billets peuvent aussi être remis en vente à des tarifs inférieurs à ceux pratiqués la veille. Résultat: ces subtilités tarifaires déroutent le voyageur du TGV depuis des années.
La SNCF a pris la licence du logiciel d'American Airlines
L'actuel système de réservation des billets de TGV est en fait basé sur le logiciel Sabre de la compagnie aérienne American Airlines dont la SNCF a acheté la licence à la fin des années 1980.
Lancé en 1993, ce système a introduit jusqu'à aujourd'hui dans la fixation des prix des billets sur les LGV de la SNCF, le yield management cher aux compagnies aériennes. La modulation tarifaire en est le principe de base, le prix des billets variant selon les dates de départ et de réservation ou le taux de fréquentation de la ligne grâce au développement d’algorithmes sophistiqués.
Le chantier lié à l'établissement d'un nouveau mode de tarification prendra "six mois à un an", ajoute le numéro un de la SNCF, le délai nécessaire selon lui pour "étudier sérieusement la question car la réponse nous engagera pour des années".
