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Retraite

Retraites: la revalorisation des pensions prévue par le gouvernement couvre-t-elle l'inflation?

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Après une hausse de 1,1% en janvier, les pensions vont être revalorisées à hauteur de 4% avec effet rétroactif en juillet. Mais sur l'année, les retraités vont continuer à voir leur pouvoir d'achat grignoté par l'inflation. Explications.

Nuit de tensions à l’Assemblée nationale. Dans le cadre de l’examen du projet de budget rectifié, les députés sont revenus mercredi sur le déblocage d'une enveloppe de 500 millions d’euros supplémentaires pour revaloriser les pensions de retraite.

Contre l’avis du gouvernement, 186 députés Nupes, RN et LR s’étaient prononcés quelques heures plus tôt en faveur d’un amendement prévoyant une revalorisation cumulée des pensions de 5,5% en 2022. Lors d’une seconde délibération, le gouvernement a finalement eu le dernier mot en obtenant une revalorisation des pensions de 4% de façon rétroactive en juillet, après +1,1% en janvier. Soit une hausse cumulée de 5,1% (1,011 x 1,04), plus faible que celle réclamée par une partie de l'opposition.

Ces 5,1% correspondent à l’estimation de l’inflation formulée par le gouvernement pour l’ensemble de l’année 2022. "Oui, nous protégeons intégralement nos retraités contre l’inflation. Les pensions de retraite sont revalorisées de 5,1 % en 2022: 1,1 % en janvier et 4 % depuis juillet", a d’ailleurs réagi Bruno Le Maire sur Twitter. Les députés d’opposition qui réclamaient une hausse de 5,5% s’étaient calqués pour leur part sur les prévisions de l’Insee.

L'inflation pas compensée sur l'ensemble de l'année

En réalité, ces deux revalorisations des retraites ne permettent pas de couvrir pleinement l’inflation de 2022. Pour y parvenir, il aurait fallu que l’augmentation consentie à partir de juillet soit bien plus importante, ou, à défaut, qu’elle s’applique avec effet rétroactif au 1er janvier.

Prenons l’exemple d’un retraité percevant de l'assurance-vieillesse une pension de 1000 euros mensuels fin 2021. Cette même pension est passée à 1011 euros de janvier à juin avec la hausse de 1,1% décidée en début d’année, et sera de 1051,44 euros sur les six derniers mois de l’année compte tenu de la nouvelle revalorisation de 4%. Ce qui correspond bien, à partir du 1er juillet, à une augmentation globale de 5,1% par rapport au niveau de fin 2021.

Sur l’ensemble de l’année en revanche, notre retraité perd du pouvoir d’achat. Au total en 2022, il aura touché 12.374,64 euros (1011 euros par mois entre janvier et juin, 1051,44 entre juillet et décembre), contre 12.000 euros en 2021. Soit une progression de 3,1%, loin du niveau de l’inflation estimée en moyenne à 5,5% sur l’ensemble de l’année.

Pour compenser intégralement l’inflation, l’ampleur de la revalorisation de juillet aurait dû être de l'ordre de 8,7%. Dans ce cas, notre retraité aurait perçu 12.660 euros sur l’année (environ 1099 euros par mois entre juillet et décembre), soit une hausse de 5,5% équivalente aux projections d’inflation de l’Insee sur l’ensemble de l’année 2022.

A titre de comparaison, l'évolution du Smic, va, elle, rester strictement corrélée à l'inflation. En août, le salaire minimum connaîtra sa troisième revalorisation depuis janvier (+2,1%, après +2,65% en mai et +0,9% en janvier). A supposer que ce soit la dernière de l'année, un salarié payé au Smic percevra au total 15.634 euros environ en 2022, contre 14.850 euros l'an passé. Soit une progression de 5,3%, située entre la prévision d'inflation moyenne du gouvernement et celle de l'Insee.

Nouvelle revalorisation en 2023

Si les revalorisations des pensions de retraite de base ne permettront pas de compenser la hausse des prix en 2022, Bruno Le Maire a néanmoins pris "l'engagement" ce mercredi sur France inter d'une nouvelle augmentation "en janvier 2023 (...), parce que l'inflation va augmenter d'ici là".

Quant aux retraites complémentaires, le coup de pouce n'interviendra pas avant novembre. A cette date, les gestionnaires de l'Agirc-Arrco, régime des salariés du privé, se réuniront pour décider d'une éventuelle revalorisation et de son ampleur.

Paul Louis avec Pierre Kupferman