Capgemini relève finalement son offre sur Altran

Capgemini relève son offre d'achat d'Altran à 14,50 euros par action - AFP
Face à la pression du fonds activiste Eliott, le groupe informatique Capgemini a remonté mardi à la dernière minute son prix d'achat sur Altran pour réussir une opération à l'issue encore incertaine.
Capgemini a annoncé qu'il portait à 14,5 euros son prix d'achat de l'action Altran, contre 14 euros précédemment, à quelques jours de la fin de son offre publique d'achat (OPA) qui arrive à échéance le 22 janvier.
Le groupe a également et peut-être surtout clarifié ses intentions futures, pour convaincre les actionnaires qu'ils n'avaient aucun intérêt à garder leurs titres Altran."Capgemini ne déposera pas de nouvelle offre si cette offre échoue", a martelé Paul Hermelin, le PDG de Capgemini, devant des journalistes.
Si Capgemini franchit la barre des 50,1% du capital d'Altran, le groupe français "s'interdit toute nouvelle offre avec un prix supérieur à 14,5 euros" dans les "18 mois qui suivront", a-t-il précisé.
Contrer les spéculations du marché
S'agissant de la modeste hausse du prix, Paul Hermelin a expliqué qu'il s'agissait surtout de contrer des spéculations de marché. "Nous avons observé que la plupart des investisseurs longs en Altran étaient en train de céder à des arbitragistes", à un prix légèrement supérieur à 14 euros, a déclaré M. Hermelin.
"Nous avons voulu envoyer un signal aux arbitragistes: il vous est possible de sortir avec un gain, modeste, mais un gain", a-t-il expliqué.
Le nouveau prix valorise désormais Altran à 3,7 milliards d'euros, contre 3,6 milliards précédemment.
A une semaine de l'échéance, Capgemini est dans le brouillard sur les intentions des investisseurs d'apporter ou non leurs titres à son offre, a rappelé M. Hermelin.
A la différence de la Bourse allemande ou de celle de Londres, la Bourse de Paris ne donne aucune information sur les apports de titres à l'opération pendant la durée de l'offre, a-t-il indiqué.
L'OPA amicale de Capgemini sur Altran doit permettre de créer un géant technologique parmi les premiers mondiaux en combinant l'expertise informatique du premier (13,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires) avec l'expérience industrielle du second (2,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires).
Mais le prix offert, 14 euros par action, a très vite été jugé trop bas par plusieurs parties prenantes, notamment par le fonds activiste américain Elliott. Convaincu que le prix proposé était trop réduit, ce fonds a progressivement augmenté sa participation au capital d'Altran, jusqu'à détenir aujourd'hui 14% du capital.
"Un peu pingre"
Son allié, l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) présidée par Colette Neuville, a déposé un recours en justice contre le visa donné par l'AMF à l'opération.
Interrogée mardi par l'AFP, Mme Neuville a jugé que le coup de pouce de dernière minute du géant français était "un peu pingre". "C'est pour essayer d'attirer le petit pourcentage dont ils ont peur de manquer", a déclaré Mme Neuville.
"Ça ne peut intéresser qu'un petit nombre d'actionnaires, ce n'est pas avec ça qu'ils vont attirer 10 ou 15%" du capital, a-t-elle insisté.
Pour l'Adam, la valeur de l'action Altran est plutôt proche de 17 euros - sur la base des données publiquement disponibles sur le groupe (et notamment ses prévisions financières à moyen terme).
Capgemini faisait valoir de son côté que le prix fixé au départ - 14 euros - était supérieur de 33% à la valeur observée sur les trois derniers mois avant l'annonce de l'opération.
La cour d'appel de Paris a jusqu'au 24 mars pour se prononcer sur le recours de l'Adam.
Capgemini compte plus de 200.000 salariés et est présent dans 40 pays. Il réalise plus d'un tiers de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord. Altran compte environ 47.000 collaborateurs dans une trentaine de pays.