Optimisation fiscale: Bruno Le Maire assure que le cabinet McKinsey "paiera ce qu'il doit"

Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, à Paris le 16 mars 2022 - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Selon un rapport du Sénat, le cabinet McKinsey n'a pas payé d'impôts depuis au moins 10 ans, malgré un chiffre d'affaires de 329 millions d'euros en France en 2020, dont environ 5% dans le secteur public. Sur le territoire français, le groupe américain emploie environ 600 salariés. Ce dimanche, Bruno Le Maire a fait savoir au Grand Jury de RTL-Le Figaro-LCI qu'il sera vigilant pour que le cabinet de conseils paye ce qu'il doit à la France.
"Nous allons nous assurer qu'il paye les impôts qu'il doit à la France comme toutes les entreprises. Il ne passera pas entre les mailles du filet et paiera ce qu'il doit. (...) Ce que nous avons fait pour Google [en matière d'optimisation fiscale, NDLR], nous le ferons pour McKinsey."
Le ministre de l'Économie et des Finances reconnait ne pas évaluer le montant auquel McKinsey ne s'est pas acquitté ni celui qu'il devra rembourser à l'Etat. Le ministre indique même avoir découvert cette situation par le rapport parlementaire qui la qualifiait d'"exemple caricatural d'optimisation fiscale".
Faux témoignage
Ces informations ont été publiées deux mois après l'audition par la commission du responsable du pôle secteur public de McKinsey, Karim Tadjeddine qui affirmait face aux sénateurs que son entreprise paye bien l'impôt sur les sociétés en France.
"Les déclarations de M. Karim Tadjeddine (...) sont susceptibles de constituer un faux témoignage devant une commission d'enquête", ont prévenu les membres de la commission sénatoriale en annonçant que "le procureur de la République va être saisi".
Cette situation pourrait aussi avoir des conséquences sur le gouvernement dont les dépenses en conseil ont atteint 894 millions d'euros en 2021 notamment en faveur de McKinsey. Pour Bruno Le Maire, le choix de passer par des cabinets de conseil est "légitime" quand il n'y a pas les compétences en interne.
"Il y a un choix à faire pour certaines prestations. En informatique, par exemple, il est plus judicieux de faire appel à un prestataire plutôt que d'avoir des fonctionnaires qui s'occupent pendant des années de la mise à jour de telle ou telle procédure informatique", a justifié Bruno Le Maire.
Selon le rapport du Sénat, les dépenses de conseil des ministères sont passées de 379,1 millions d'euros en 2018 à 893,9 millions d'euros en 2021.
Réponse de McKinsey envoyée à BFM Business
Suite à la publication de cet article, le cabinet McKinsey a tenu à réagir. Dans un courrier adressé à BFM Business, McKinsey France apporte des précisions sur ce dossier. Cette filiale "établie en France depuis 1964" dit "respecter l’ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables". Elle ajoute que ses activités en France sont déclarées et qu'elle "paye la fiscalité directe et indirecte due chaque année".
Concernant les impôts et les charges, "McKinsey France a payé de l’ordre de 422 millions d’euros d’impôts et de charges sociales entre 2011 et 2020". "Le cabinet est assujetti à l’impôt sur les sociétés en France, et a payé cet impôt les années où le cabinet a réalisé des bénéfices en France".
Enfin, s’agissant des prix de transferts, McKinsey reconnait avoir "une approche qui n’est pas spécifique à la France et qui s’applique aux différents pays où il est présent" en précisant que "cette approche est connue de l’administration fiscale française".
McKinsey France ajoute qu'"aucune demande n'a été formulée à ce sujet par la commission d'enquête après l’audition du 18 janvier 2022".
