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"On ne va pas nationaliser l'économie française": BPIfrance répond à Carmat qui déplore le manque d'aide publique

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Alors que l'inventeur du premier coeur artificiel pourrait se retrouver à court de cash en novembre, Nicolas Dufourcq de BPIfrance explique sur BFM Business pourquoi il ne pense pas investir à nouveau dans Carmat.

Carmat va-t-elle être à court de liquidités? La start-up française -qui a développé le premier coeur artificiel- a tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière sur BFM Business pointant notamment la responsabilité des investisseurs qui ne les soutiendraient pas assez dans leur développement.

"La santé, c'est la chronique d'une mort annoncée, déplore Stéphane Piat, le directeur général de Carmat. La santé c'est pas assez rapide, les retours ne sont pas garantis, c'est clair que les investisseurs boudent la santé. Si c'est stratégique pour une nation, il faut aider."

Le directeur général estime que le financement public n'est pas au rendez-vous pour permettre à la société de continuer à se développer.

"Jamais été complètement d'accord avec le management de Carmat"

Interrogé ce jeudi sur le sujet sur BFM Business, dans le cadre du BIG (BPI France Inno Generation), le directeur général de BPIfrance a tenu à clarifier la situation avec l'entreprise de santé.

"Carmat a bénéficié de beaucoup de financement public, ensuite BPI a investi dans Carmat il y a 7 ou 8 ans et nous avons vendu, rappelle Nicolas Dufourcq. On n'a jamais été complètement d'accord avec le management de Carmat et sur les perspectives."

Carmat qui a levé 72 millions d'euros en deux temps en 2022 fait face à d'importantes difficultés d'approvisionnement et brûle une importante quantité de cash au point de risquer d'être à court en novembre.

"Le système de santé américain achète cher l'innovation"

Mais pour le patron de la banque publique d'investissement, le financement public ne peut pas résoudre tous les problèmes rencontrés par les entreprises françaises.

"On est un investisseur professionnel, on a le droit de ne pas investir dans Carmat, estme Nicolas Dufourcq. On ne peut pas investir dans tout, on ne va pas nationaliser l'économie française."

Selon BPIfrance, le problème du financement de Carmat et de la santé en général trouve sa source dans le système de santé français qui ne valorise pas assez l'innovation.

"La raison pour laquelle aux Etats-Unis il y a un écosystème plus favorable, c'est que le système de santé achète l'innovation et il l'achète cher, explique le directeur général de BPIfrance. Le système de santé français qui est confronté à des déficits très importants il est complètement budgétaire. Donc c'est très difficile de vendre l'innovation française au système de santé français."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco