Oligarques, banques, sport... Quelles sont les sanctions internationales déjà prises contre la Russie?

Une salve de sanctions sans précédent. Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, plusieurs pays, principalement occidentaux, ont annoncé une série de mesures punitives visant à isoler la Russie du reste du monde. Tour d'horizon.
• Les oligarques russes sanctionnés
Les Européens et les Britanniques ont décidé de sanctionner le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par un gel de leurs avoirs dans l’UE. Bruno Le Maire a assuré, à la sortie d'un nouveau Conseil de Défense, que le gel des avoirs de la Banque centrale russe a démarré hier soir. La France recense les "bien immobiliers, yachts, véhicules de luxe" appartenant aux personnalités russes sous sanction et les autres personnalités "ayant des avoirs en France" et proches du Kremlin sont en train d'être identifiées, assure le ministre de l'Economie.
Washington a également annoncé des sanctions contre 24 personnes et organisations bélarusses, accusées d'avoir soutenu et aidé l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Un responsable américain a affirmé que les Occidentaux allaient "traquer” les biens des oligarques.
Les pays occidentaux ont également prévu de "restreindre la délivrance de passeports dorés” permettant à des Russes fortunés proches du régime d'obtenir la nationalité d'un d'entre eux et d'accéder à leurs systèmes financiers. Ils veulent également travailler avec d'autres Etats pour "détecter et perturber la circulation des biens mal acquis et empêcher ces individus de cacher leurs actifs à travers le monde".
• Les banques russes blacklistées
La liste des mesures les plus "dures" jamais prises par l'UE, selon son chef de la diplomatie Josep Borrell, prévoit entre autres de limiter drastiquement l'accès des autorités, banques et grandes entreprises russes aux marchés de capitaux européens.
Les ministres européens des Affaires étrangères se sont entendus ce dimanche, en accord avec les puissances du G7, pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe. Cela revient à restreindre drastiquement ses capacités de convertir ses réserves de change (devises étrangères, obligations souveraines libellées dans des devises occidentales...). L'objectif est d'empêcher Moscou d'y recourir pour financer le conflit en Ukraine et contrer l'impact des sanctions occidentales sur l'économie russe.
Certaines banques russes vont être exclues du système de messagerie bancaire Swift. Selon le site de l'association nationale Rosswift, la Russie serait le deuxième pays après les Etats-Unis en nombre d'utilisateurs avec quelque 300 banques et institutions russes membres du système. Le Japon a annoncé participer à l’exclusion de banques russes du réseau financier Swift.
• Restrictions de circulation
L'Union européenne a annoncé qu'elle allait fermer son espace aérien aux compagnies russes. Une mesure également décidée par plusieurs pays européens ne faisant pas partie de l'UE à l'image du Royaume-Uni, de la Norvège, de la Macédoine du Nord ou de l'Islande et par le Canada.
"En Europe, le ciel est ouvert (...) à ceux qui connectent les peuples, pas à ceux qui commettent des agressions brutales", a justifié le Premier ministre belge Alexander De Croo.
Air France a annoncé de son côté suspendre temporairement ses liaisons vers Moscou et Saint-Pétersbourg jusqu'à nouvel ordre.
En représailles, Moscou a commencé à interdire le survol de son territoire aux avions liés aux pays européens ayant annoncé de telles décisions ces derniers jours, comme le Royaume-Uni, la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie, la Slovénie, la Bulgarie, la Pologne et la République tchèque.
• Limitations des exportations
Les 27 vont réduire l'accès de la Russie à des "technologies cruciales", en la privant de composants électroniques et de logiciels. Cela inclut notamment l'interdiction d'exporter vers la Russie des avions, pièces et équipements de l'industrie aéronautique et spatiale, ainsi que des technologies de raffinage pour l'industrie pétrolière.
Le Premier ministre japonais, lui, impose des mesures visant les exportations de semi-conducteurs et des institutions financières. Fumio Kishida a également annoncé d'autres mesures "sur les exportations vers les organisations russes liées à l'armée" et sur des "biens à usage général comme les semi-conducteurs et les articles figurant sur une liste restreinte basée sur des accords internationaux".
La Russie pourrait d’elle-même décider d’exporter moins de gaz en Europe, alors que le continent est le premier client de Gazprom, le géant gazier russe. Particulièrement dépendante de cette énergie, l’Allemagne s’est tout de même résolue à suspendre la mise en service du Nord Stream 2, le nouveau gazoduc qui devait relier le pays à la Russie.
• Exclusions des compétitions sportives
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, les sanctions pleuvent dans le monde du sport: annulation du Grand prix de Formule 1 Sotchi, sportifs déclarés persona non grata en Grande-Bretagne, en Norvège et en Suède, refus des Polonais, des Suédois et des Tchèques de les affronter en barrage du Mondial-2022; hymne et drapeau russes bannis par le Comité international olympique (CIO). L’Ukraine s’est retirée d'une manche de Coupe du monde d’escrime pour ne pas rencontrer la Russie.
La FIFA menace d’exclure la Russie de la Coupe du monde de football 2022. Pour l’heure, elle impose à la Russie d'évoluer sous bannière neutre lors des prochaines compétitions, sous le nom de "Fédération russe de football". Ni hymne russe entonné, ni drapeau russe brandi. Quant aux matches à domicile des Russes, ils devront se dérouler sur terrain neutre.
Dernière sanction en date, le club allemand de Schalke O4 (D2) a annoncé ce lundi rompre son contrat avec son sponsor principal, Gazprom. Le club avait déjà décidé la semaine dernière d'effacer le nom de Gazprom de ses maillots pour la rencontre de championnat samedi dernier.