Moins d’une entreprise française sur six envisage de relocaliser sa production

L'usine Toyota de Valenciennes devrait reprendre son activité le 21 avril - PHILIPPE HUGUEN - AFP
Très vite, à partir de décembre 2019, l'épidémie de covid en Asie a eu de lourdes conséquences sur la chaîne d'approvisionnement notamment de pièces détachées pour l'automobile ou l'informatique. Dans le même temps, les pays occidentaux ont constaté avec effroi leur dépendance à la Chine notamment pour des produits stratégiques comme les principes actifs de médicaments.
De quoi provoquer des initiatives fortes, afin de renouer avec une certaine souveraineté industrielle. En France, le gouvernement incite par exemple les entreprises à relocaliser leurs productions et propose des dispositifs pour s'installer plus rapidement sur des sites. Rappelons que le plan de relance alloue 35 milliards d'euros au développement d'industries innovantes et au renforcement de la compétitivité internationale.
Il est encore trop tôt pour tirer un bilan même si le gouvernement assure que ses incitations "fonctionnent bien". Pour autant, une étude de l'assureur-crédit Euler Hermes permet de prendre la température du secteur.
Seuls les Etats-Unis font mieux en intentions de relocalisations
Ainsi, 13% des entreprises françaises interrogées envisagent une relocalisation en France comme premier choix. 18% des répondants l’envisagent parmi leurs trois premiers choix. Le taux paraît assez faible mais Euler souligne que "seules les entreprises américaines obtiennent un score plus élevé (17%-21%)".
"Cela peut s'expliquer par les récentes mesures politiques visant à rendre la France plus attractive et à dynamiser le «Made in France»", ajoute le spécialiste.
Au niveau mondial, seuls 10 à 15% des répondants envisagent la relocalisation et environ 30% un rapprochement de leurs sites de production.
Parmi les entreprises françaises qui envisagent la relocalisation, 28% mentionnent qu’elles font ce choix pour créer des emplois en France. Aucun pays ne fait mieux en la matière, les Etats-Unis arrivent en seconde position (17%).
Si produire en France coûte plus cher que de le faire en Asie, 77% des entreprises françaises pensent que les consommateurs sont prêts à payer plus pour obtenir des marchandises produites en France. Seuls les Etats-Unis obtiennent un chiffre plus élevé parmi les pays constituant l’échantillon (89%).
Les entreprises pensent que les consommateurs sont prêts à payer plus pour du "Made in France"
Mais une chose est sûre, le choc sur la "supply chain" a profondément et durablement marqué les esprits des chefs d'entreprises. 42% des entreprises françaises indiquent désormais mieux surveiller et gérer leur chaîne d’approvisionnement. Et pour trouver de nouveaux fournisseurs, les entreprises françaises citent en priorité la Belgique, la Chine, le Royaume-Uni, l’Australie et les Etats-Unis.
Au niveau mondial, 4 entreprises sur 10 interrogées par Euler indiquent qu’elles sont déjà en train de changer de fournisseurs et de déplacer une partie de leur production.
"A plus long terme, les stratégies de résilience seront protéiformes: seuls 10 à 15% des répondants envisagent la relocalisation comme solution, alors que 30% des entreprises pourraient à terme envisager de rapprocher leurs sites de production de leur pays d’origine", commente Georges Dib, économiste en charge du commerce international chez Euler Hermes.
"Les entreprises sont toujours à la recherche d’une rentabilité optimisée et de solutions de production alternatives après le choc sans précédent qu’elles viennent de connaître", poursuit-il.