Malgré les milliards déversés dans l'IA, la croissance des dépenses dans l'innovation est au plus bas depuis 2010 (la France chute à la 13ème place du classement)

La capacité d'innovation et de recherche "reste l'atout majeur de l'attractivité de la France" pour 38% des dirigeants étrangers interrogés par CSA pour l'étude EY. - Joël Saget-AFP
La croissance de la recherche-développement est la plus faible depuis 2010, a indiqué l'ONU mardi, soulignant que l'inflation toujours élevée ronge les dépenses des entreprises.
La Suisse, la Suède, les Etats-Unis, la Corée du Sud et Singapour arrivent en tête du classement de l'indice mondial de l'innovation 2025 élaboré par l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (Ompi), une agence de l'ONU.
La France a perdu une place par rapport à 2024 et se retrouve 13ème. Sur le continent européen, le pays n'est que le huitième le plus innovant derrière la Suisse (1ère mondiale), la Suède (2ème), le Royaume-Uni (6ème), la Finlande (7ème), les Pays-Bas (8ème), le Danemark (9ème) et l'Allemagne (11ème).
La Chine, qui se classe pour la première fois parmi les 10 pays les plus innovants, arrive en 10e position de ce classement, qui évalue les performances innovantes de près de 140 pays dans le monde.
Sans la Chine et les Etats-Unis, l'innovation à l'arrêt
Si le classement n'a guère bougé, le ralentissement des investissements dans l'innovation "obscurcit" en revanche les perspectives en matière d'innovation, indique l'Ompi dans un communiqué.
"Le carburant qui alimente le moteur de l'innovation, à savoir le capital et le financement, n'est plus aussi abondant qu'avant", a commenté le directeur général de l'Ompi, Daren Tang, lors de la présentation du classement aux journalistes.
Ce ralentissement intervient, selon lui, "après une décennie d'expansion rapide des dépenses en R&D et des investissements en capital-risque".
La croissance de la recherche-développement est tombée à 2,9% en 2024, soit un ralentissement par rapport à la hausse de 4,4% enregistrée l'année précédente. La croissance devrait encore ralentir en 2025 (2,3%), selon les prévisions de l'Ompi.
Une prudence dans la plupart des secteurs
En excluant la Chine et les Etats-Unis, les dépenses réelles des entreprises dans la recherche-développement ne devraient croître que de 1,4% en 2024 et 2025 en raison d'une inflation toujours élevée, soit bien en dessous de la moyenne de 4,6% enregistrée au cours de la dernière décennie.
"Il s'agirait des taux de croissance les plus bas jamais enregistrés depuis 2010, l'année qui a suivi la crise financière et la Grande Récession qui a suivi", indique l'Ompi.
La valeur des investissements en capital-risque a elle connu un rebond (+7,7%) l'an dernier, principalement en raison des mégaopérations réalisées aux Etats-Unis et de la forte augmentation des investissements effectués dans l'IA générative. Sans ces investissements, la valeur du capital-risque aurait diminué.
De plus, le nombre d'opérations de capital-risque a diminué de 4,4% à l'échelle mondiale pour la troisième année consécutive, ce qui, selon l'Ompi, "traduit la prudence persistante des investisseurs en dehors d'un petit nombre de secteurs et de zones géographiques".
Sacha Wunsch-Vincent, qui dirige le Département de l'économie de l'analyse de données, a lui souligné que les baisses attendues de taux d'intérêt devraient faire baisser l'inflation, ce qui pourrait stimuler les dépenses en innovation.
