Les ventes d'alcool explosent en magasin mais les Français boivent moins

Une majorité de Français favorable à une hausse du prix de l'alcool - LIONEL BONAVENTURE / AFP
Jamais les Français n'ont autant acheté d'alcool en grande surface qu'en 2021. Sur les quatre premiers mois de l'année, les consommateurs ont acheté 648 millions de litres de boissons alcoolisées en magasins, soit 63 millions de litres de plus (+11%) que sur la même période en 2020, selon NielsenIQ.
Alors que lors du premier confinement de 2020, les Français s'étaient rués sur les produits essentiels comme les pâtes, la farine ou le papier toilette et avaient délaissé les alcools, ce nouveau confinement de printemps montre une tendance très différente.
"Le début d’année est en temps normal une période plutôt creuse pour le rayon alcools, et force est de constater que les ventes d’alcool augmentent considérablement ces derniers mois", constate Nicolas Léger, directeur analytique chez NielsenIQ.

Une hausse en volume qui est encore plus forte en valeur. Les Français ont dépensé 14,4% de plus qu'en 2020 et même 13% de plus qu'en 2019 lors des quatre premiers mois de l'année.
Les Français ont privilégié les alcools les plus coûteux comme les champagnes en hausse de 50% et les spiritueux tels que la tequila (+47%), le gin (+30%) ou le cognac (+27%).
"Les Français semblent saturer de cette situation qui dure depuis plus d’un an désormais, et ont besoin de ces moments de partage pour s’évader et se retrouver, analyse Nicolas Léger. Mais ils cherchent également à se faire plaisir, en étant moins regardants quant au budget alloué à leur consommation d’alcool."
La bière explose dans Paris
Alors que fêtes et sorties ont subi un net coup d’arrêt en mars 2020, les Français montrent sur ce début d’année une volonté de rattraper le temps perdu et de célébrer à nouveau. Ainsi la croissance des ventes de vodka a doublé depuis mi-mars. C’est notamment le cas pour les populations les plus jeunes, adeptes des cafés et bistrots en temps norma : les moins de 35 ans sont ceux qui ont le plus augmenté leur consommation d’alcool lors du premier trimestre, avec 16% de dépenses en plus.

Pour autant ces hausses ne compensent pas les chutes de consommation dans les débits de boissons fermés depuis plusieurs mois. Ainsi si les Français ont acheté plus d'alcool en magasins, ils ont au final moins bu. Le surplus de 63 millions de litres d'alcools achetés est inférieur à la quantité d'alcool non-consommée du fait de la fermeture des cafés et restaurants qui s'élève à 80 millions de litres sur une période équivalente (consommation observée entre le 1er janvier et le 30 avril 2019).
"Si la consommation à domicile a sensiblement augmenté, il s’agit essentiellement de reports de consommation: la consommation globale d’alcool est quant à elle plutôt en déclin, constate Nicolas Léger. Reste à savoir si une fois le plan de déconfinement progressif enclenché, la tendance finira par se tasser pour le rayon alcools… Ou si au contraire, les Français auront pris pour nouvelle habitude de privilégier une consommation conviviale à leur domicile, au détriment des établissements tels que les pubs, bars etc…"
Une envie de fête particulièrement prononcée dans la capitale. Ainsi si les ventes de bières ont progressé de 16% en France sur les quatre premiers mois de l'année, elles ont bondi de 25% à Paris et même de 46% dans les quartiers jeunes de la capitale comme Bastille, le Marais, Montmartre, République et le canal Saint-Martin. Des quartiers festifs où les cafés et bistrots sont d'ordinaire très fréquentés.
