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Le prix du vaccin Pfizer devrait grimper de 26% en Europe dès 2022

Une dose Pfizer en cours de préparation.

Une dose Pfizer en cours de préparation. - Christof Stache

Selon, le Premier ministre bulgare Boyko Borissov, Pfizer devrait faire payer 19,50 euros ses doses à l'UE pour les futurs rappels contre 15,50 euros aujourd'hui.

Ca va commencer à coûter cher à l'Europe? Alors que les Européens étaient dans le monde ceux qui payaient le vaccin Pfizer-BioNTech le moins cher, la facture devrait s'alourdir une fois le gros de la pandémie passé.

Alors que la Commission Européenne payait selon Reuters 15,50 euros la dose du vaccin ARN messager, le tarif pourrait grimper de 26% pour les futures commandes.

Selon le Premier ministre bulgare Boyko Borissov cité dans Euractiv, Pfizer et la Commission seraient en pourparler pour 900 millions de doses supplémentaires pour les années 2022 et 2023. Il s'agirait de doses de rappels, une fois le gros de la vaccination effectué. Et le nouveau tarif frôlerait les 20 euros.

"Le (prix) de Pfizer était de 12 euros, puis a augmenté à 15,5 euros, assure-t-il. Désormais, pour 2022 et 2023, les contrats de l'Union européenne sont en cours de signature pour 900 millions de vaccins, mais déjà au prix de 19,5 euros."

Il s'agit d'un prix supérieur à celui payé par les Etats-Unis pour les premières commandes (19,50 dollars, soit 16,30 euros) mais qui serait tout de même inférieur à celui payé par Israël qui serait selon le Times of Israel de 22,70 euros la dose.

"Cela coûtera environ 18 milliards d'euros, au moins, estime le Premier ministre bulgare. Cela signifie que dans les nouveaux budgets, les experts financiers devraient affecter des budgets plus importants aux vaccins."

Le nouveau contrat couvrirait les rappels notamment pour les futurs variants et éventuellement l'injection d'une troisième dose pour les personnes immunodéprimées.

"Maintenant, nous avons le plus peur du variant français, assure Boyko Borissov. Tant d'autres variantes vont apparaître…"

Si Pfizer joint par BFMTV n'a pas confirmé ces hausses de tarifs, ni la Commission Européenne qui a jusqu'à présent refusé de révéler le prix d'achat réel, le laboratoire américain avait reconnu devant des investisseurs qu'il songeait bien à des hausses de prix une fois la pandémie passée, rappelle Slate.

"Pas les conditions normales du marché"

Répondant à un analyste de la banque Barclays, le directeur financier de Pfizer Frank D'Amelio avait déclaré selon CBSNews en mars dernier que "les prix actuels n'étaient pas déterminés par les conditions normales du marché." Autrement dit que la forte demande mondiale n'avait pas entraîner de flambée des tarifs comme cela est le cas lorsque l'offre a du mal à suivre.

"Cela a vraiment été motivé par le contexte pandémique dans lequel nous sommes et les besoins des gouvernements de vraiment sécuriser les doses des différents fournisseurs de vaccins, expliquait Frank D'Amelio. Quand nous passerons d'une situation pandémique à une situation endémique, les forces normales du marché, les conditions normales du marché commenceront à se manifester."

Avec le retour à une situation de moindre urgence, Pfizer compterait bien profiter de la demande -qui devrait rester forte- pour augmenter ses tarifs.

"Avec des facteurs comme l'efficacité, la capacité de rappel, l'utilité clinique deviendra fondamentalement très important, assurait le directeur financier de Pfizer. Nous considérons très franchement cela comme une opportunité importante pour notre vaccin du point de vue de la demande, du point de vue des prix, compte tenu du profil clinique de notre vaccin."

Le groupe américain qui prévoyait de réaliser 15 milliards de dollars de revenus en 2021 avec la vente de vaccins devrait revoir ses prévisions à la hausse dans les prochaines semaines.

Les vaccins qui utilisent la technologie ARNm sont de loin les plus chers du marché. Le vaccin AstraZeneca/Oxford est facturé aux alentours de 2,50 euros la dose (l'Université Oxford imposant au laboratoire la vente à prix coûtant) et celui de Johnson & Johnson, lui aussi facturé à prix coûtant, serait payé moins de 7 euros la dose par l'Union Européenne.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco