"Le Doge est le monstre qui pourrait croquer Elon": Trump menace Musk de retourner l'administration qu'il a créée contre lui

Elon Musk et Donald Trump. - SAUL LOEB, Jim WATSON / AFP
Elon Musk peut-il tout perdre? Le milliardaire s'en est de nouveau pris à Donald Trump dans une série de messages sur X qualifiant notamment la "grande et belle et loi" du président américain de "projet de loi sur l’esclavage de la dette".
Le locataire de la Maison Blanche n'a pas joué la carte de l'apaisement et a contre-attaqué en menaçant ouvertement le patron de Tesla et SpaceX.
Comme un journaliste lui demandait par exemple s'il envisageait d'expulser son ancien allié, lequel est né en Afrique du Sud et détient la nationalité américaine depuis 2002, Donald Trump a affirmé qu'il allait "examiner" cette option.
En réponse à une publication sur son réseau social X reprenant ces propos de Trump, Musk a répliqué: "Tellement tentant d'envenimer la situation. Tellement, tellement tentant. Mais je vais m'abstenir pour l'instant."
En se retournant contre son ex-allié, Elon Musk risque-t-il de perdre gros? Ce mardi, suite à cet échange musclé, les actions de Tesla ont plongé de près de 5,5% à New York après avoir déjà cédé 2% la veille. La "grande et belle loi", si elle est définitivement adoptée par la Chambre des représentants ce vendredi, coupera dès septembre prochaine les subventions de 4.000 et 7.500 dollars sur les véhicules électriques.
38 milliards de dollars d'aides
Pire pour l'entrepreneur, Donald Trump a également dit que la Commission à l'efficacité gouvernementale (Doge), que Musk a dirigée jusqu'à fin mai, pourrait s'attaquer aux subventions publiques allouées aux entreprises de ce dernier.
"On pourrait mettre Doge sur Elon. Vous savez ce qu'est Doge? Doge est le monstre qui pourrait se retourner et croquer Elon", a menacé le président américain.
En 20 ans, les entreprises de l'homme d'affaires ont reçu au moins 38 milliards de dollars de la part du gouvernement en contrats, prêts, subventions et autres crédits d’impôts, parfois à des moments très critiques pour les finances de ces sociétés (Tesla et SpaceX).
"Plus de lancements de fusées, de satellites ou de production de voitures électriques et notre pays économiserait une FORTUNE", a ajouté le locataire de la Maison Blanche.
L'avenir des entreprises de Musk sont dans une certaine mesure à la merci du président américain. Pour Tesla, ce sont les aides d'Etat à la transition électrique et pour toutes les autres, ce sont les contrats gouvernementaux.
Tesla a également déclaré avoir bénéficié de plus de 8 milliards de dollars de crédits réglementaires de la part d'autres constructeurs automobiles depuis six ans pour les aider à se conformer aux normes d'émissions fédérales et étatiques.
"Ça ne finira pas bien"
Selon JPMorgan, la perte des avantages fiscaux des véhicules électriques pourrait coûter à Tesla 3,2 milliards de dollars par an.
"Cette situation de fin de l'idylle a pris des proportions dramatiques et pèse toujours sur le cours de l'action Tesla, a écrit Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities dans une note. En fin de compte, être du mauvais côté de Trump ne finira pas bien, et Musk le sait."
Donald Trump et Elon Musk ont vécu une idylle aussi brève qu'intense après le retour au pouvoir du premier en janvier.
Elon Musk avait réussi à imposer sa présence quasi-constante au côté du président, qu'il avait qualifié de "roi" le jour de son investiture. En retour, ce dernier avait défendu son allié face aux critiques, allant jusqu'à organiser une opération de promotion de véhicules Tesla à la Maison Blanche. "Je vais en acheter", déclarait alors Trump sous les caméras. C'était il y a à peine trois mois, cela semble désormais une éternité.