BFM Business
Economie

La médiatrice de l'UE dénonce un contrat entre BlackRock et Bruxelles

BlackRock, Vanguard et State Street contrôlent à eux trois 25% des Bourses mondiales

BlackRock, Vanguard et State Street contrôlent à eux trois 25% des Bourses mondiales - AFP

"Il existe des inquiétudes légitimes autour du risque de conflits d'intérêts" a prévenu Emily O'Reilly. Blackrock s'en défend.

L'attribution par la Commission européenne d'un contrat au géant BlackRock pour la réalisation d'une étude sur la finance durable a été dénoncée mercredi par la médiatrice de l'UE qui s'alarme du "risque de conflit d'intérêts" et du prix anormalement bas proposé par l'américain.

En choisissant BlackRock Investment Management, filiale du fonds d'investissement, pour réaliser une étude sur la prise en compte des facteurs sociaux et environnementaux dans la supervision bancaire, l'exécutif européen aurait "dû faire preuve de bien davantage de rigueur", a critiqué la médiatrice Emily O'Reilly.

"Il existe des inquiétudes légitimes autour du risque de conflits d'intérêts (...), l'entreprise ayant manifestement un intérêt dans le développement des futures réglementations de l'UE qui auront un impact direct pour elle et ses clients", souligne dans sa décision cette personnalité indépendante .

BlackRock, société gérant quelque 7300 milliards de dollars et notamment actionnaire de géants pétroliers, entend devenir un leader dans les investissements durables et responsables.

Un contrat à 280.000 euros

En proposant "une offre moitié moins chère que la valeur maximale estimée", BlackRock "optimisait ses chances de décrocher le contrat. Et le remporter pouvait lui permettre de se faire une idée (des futures réglementations) et d'exercer une influence sur un segment d'investissement en plein essor, majeur pour lui et ses clients", observe-t-elle.

Le contrat européen a été attribué pour 280.000 euros, avait indiqué en avril la Commission.

Mme O'Reilly juge "fort contestable" que la séparation nette établie entre la réalisation de l'étude et les activités d'investissement du groupe "puisse tempérer" le risque de conflit d'intérêts.

Pour autant, "le problème sous-jacent réside dans les règles actuelles des marchés publics", selon un communiqué. Elle demande donc à la Commission d'"envisager" une révision de son règlement financier qui régit les modalités des procédures d'appels d'offre.

La médiatrice "n'a pas identifié d'acte de mauvaise administration (...) et confirme que nous avons appliqué les règles entièrement et équitablement", a réagi jeudi auprès de l'AFP un porte-parole de la Commission, ajoutant que l'institution examinerait ses propositions et publierait "bientôt" le rapport intermédiaire de BlackRock.

L'équipe de BlackRock "s'engage à fournir un service aux plus hauts standards, avec le meilleur rapport qualité-prix" et "la Commission a déjà indiqué publiquement que la qualité technique de la proposition avait été le critère déterminant" de son choix, s'est défendu le géant financier, interrogé par l'AFP.

Les rédacteurs de l'étude ont "adopté une approche inclusive" en interrogeant des universitaires, membres de la société civile, banques et régulateurs, insiste-t-il, sans toutefois s'exprimer sur le risque de conflit d'intérêts.

Emily O'Reilly avait ouvert une enquête après plusieurs plaintes dénonçant un "manquement à l'obligation de traiter correctement les questions de conflit d'intérêts". Plus de 80 eurodéputés s'étaient inquiétés mi-avril de cette situation dans une question écrite à l'exécutif européen.

T.L avec AFP